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La fertilité nuit au bon état du slip

Treize arboriculteurs du groupe Dephy Pommes des Deux-Sèvres, de la Vienne, du nord-Charente et de Vendée ont mesuré l’activité biologique des sols de leurs vergers, et donc leur fertilité, grâce à des slips enterrés entre le 1er avril et la mi-mai.

Résultats du test du slip 2019, en vergers de pommiers, par le groupe Dephy Pommes (Deux-Sèvres, Vienne, Vendée, nord-Charentes). Les quatre slips avec une étiquette rose proviennent de sols de vergers en agriculture biologique.
Résultats du test du slip 2019, en vergers de pommiers, par le groupe Dephy Pommes (Deux-Sèvres, Vienne, Vendée, nord-Charentes). Les quatre slips avec une étiquette rose proviennent de sols de vergers en agriculture biologique.
© VIRGINIE ROULON/FREDON PC

Ce n’était pas un poisson d’avril. Le 1er avril, treize pomiculteurs du groupe Dephy Pommes des Deux-Sèvres, de la Vienne, du nord-Charente et de Vendée ont enterré un slip dans leur verger afin de mesurer, un mois et demi plus tard, son état de décomposition, et donc l’activité biologique du sol. Ce test du slip, comme on l’appelle, est peu coûteux, facilement reproductible et interprétable par les pomiculteurs.

L’activité biologique a un rôle capital sur la structuration et l’aération des sols. Elle permet de diminuer la sensibilité aux phénomènes d’érosion, de tassement et de battance ; de libérer les éléments nutritifs stockés dans les matières organiques et de réguler la biologie pour un meilleur équilibre. « Ce qui se passe dans le sol est finalement assez abstrait pour les producteurs, a pu observer Virginie Roulon, ingénieure réseau et animatrice du groupe Dephy Pommes. Le test du slip, originaire du Canada, est un moyen simple et peu banal d’évaluer la capacité de décomposition d’un sol, grâce à l’activité biologique de celui-ci ». Il consiste à enterrer un slip en coton, bio de préférence, à 10 cm de profondeur, en évitant les passages de tracteur et toute zone piétinée.

Pourquoi un slip plutôt qu’un autre tissu en coton ? Parce que les élastiques permettent de retrouver ce qui reste en cas de forte dégradation du tissu.

« Nous avons laissé treize slips en terre, dans treize parcelles distinctes, pendant sept semaines, afin de pouvoir les comparer une fois déterrés. L’année passée, nous avions déjà réalisé le test mais il a été peu concluant car nous avions laissé les slips en place trois mois. C’était trop long. Tout était décomposé : impossible de faire une comparaison », raconte Virginie Roulon.

Plus le slip est abîmé, plus le terrain est fertile

« Le niveau de dégradation des slips en dit long sur la vie du sol. Plus le slip est abîmé, plus l’activité du sol est intense et le terrain fertile. Au premier coup d’oeil, on voit que les slips enterrés en parcelles bio ne sont pas forcément plus dégradés que ceux des parcelles conventionnelle. Le lien entre mode de conduite (bio ou conventionnelle) et activité et vie du sol n’est pas systématique. En effet, le slip peu dégradé (en haut à gauche, sur la photo) issu d’une parcelle bio a été enterré dans une zone où des arbres semblaient peu vigoureux, peu poussants.

Le résultat du test met en avant un problème lié au sol et pas forcément aux plants, comme le pensait le producteur initialement, ou encore aux produits utilisés. Il en est de même pour le slip très peu dégradé issu d’une parcelle conventionnelle (deuxième slip en haut à gauche, sur la photo). Il peut y avoir des problèmes de tassement, de minéralisation, d’excès d’un élément, d’aération ou d’hydromorphie…

À l’opposé, le slip le plus décomposé (en bas à droite, sur la photo) semble indiquer une vie biologique active, un sol qui travaille, avec la présence d’éléments qui permettent l’activité de la micro et de la macrofaune.

Ce test inhabituel permet de se réapproprier un peu plus son sol et l’agronomie. Les producteurs ont parfois été surpris du résultat, ce qui les pousse à aller plus loin pour comprendre ce qui se passe. Certains vont refaire des analyses de sol ou des profils, avec l’objectif de rendre leur sol plus fertile à terme. « Nous allons essayer d’analyser ces résultats en prenant en compte différents paramètres : le type de sol (le sol argileux est plus défavorable), l’âge des vergers, le mode d’irrigation, la pluviométrie, le taux de matières organiques, le désherbage mécanique », témoigne Virginie Roulon.

Une journée « adaptation des apports »

Selon les constats, il faudra essayer d’améliorer l’activité biologique du sol, soit par l’apport de matières organiques, de résidus de végétaux, de résidus de broyage ou de résidus de fauche de l’inter-rang sur le rang, par exemple, d’engrais verts ou organiques, ou en réalisant du chaulage si les pH sont inférieurs à 5,5, car les vers de terre évitent ces sols, ajoute l’animatrice du groupe Dephy Pommes. « La fertilité biologique est la porte d’entrée à la fertilité physique et chimique des sols. Elle est l’aptitude d’un sol à permettre à une plante de se développer, d’installer des racines pour aller chercher l’eau et les éléments minéraux ; et cela est possible via l’activité biologique (micro et macro faune/flore) qui crée de la porosité et permet aux plantes d’accéder à des compartiments du sol, et à la fertilité chimique. L’aptitude des plantes à se développer se fait donc grâce à l’activité biologique du sol qui est dépendante elle-même, en grande partie, de l’apport de matières organiques. Une activité biologique accrue permet, à terme, d’augmenter la réserve utile des sols à travers le stockage dans les porosités créées », explique l’ingénieure réseau ferme Dephy.

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