Aller au contenu principal

La fabrication de tamis : un savoir-faire préservé

C'est unique en France et c'est dans la Vienne. La fabrication artisanale de tamis a été reprise récemment par Florian Houdmon, installé à Châtellerault. Un savoir-faire utile dans l'agriculture.

Une toile en inox, dont les tailles de mailles varient du micron au centimètre, tendue sur un cercle en hêtre, dont le diamètre va de 15 à 90 cm. Le tout, tendu et ajusté à la main puis clouté. Les gestes sont précis et minutieux. "Chaque tamis est unique" assure Florian Houdmon qui a repris l'activité de La Tamiserie depuis quelques mois. Un saut dans l'inconnu, même s'il a une formation d'ébéniste et de tourneur sur bois. Mais la passion couvait, plutôt dans ses temps de loisirs. Ses études de designer et graphiste avaient finalement orienté sa carrière professionnelle dans ces domaines. " Je cherchais depuis quelque temps une reconversion professionnelle vers une activité manuelle autour du bois " confie Florian Houdmon. Et c'est alors qu'il visite l'exploitation Les porte-graines à Senillé Saint-Sauveur, dans le cadre de l'opération De ferme en ferme, que le virage opère. " Je vois Carine Lam tamiser les graines et elle en profite pour nous expliquer que l'entreprise qui fabrique ces tamis est dans la Vienne et à reprendre. Trois mois après, j'apprenais le métier auprès de Marie-Annick Bruneau Joubert, la cédante. De juin 2023 à janvier 2024, je passe beaucoup de temps auprès d'elle, pour maîtriser la fabrication évidemment mais aussi pour connaître les fournisseurs, établir les commandes, adapter certains process de fabrication " explique celui qui est donc aujourd'hui à la tête de la seule tamiserie de France. Il a choisi de s'installer dans les locaux de l'Afpa de Châtellerault, sur le site de La Manu. Sa façon de contribuer à la préservation d'un site industriel renaissant.

Des champs aux fouilles archéologiques

La fabrication artisanale se mêle ici à l'agriculture. Carine Lam est productrice de semences potagères à Senillé Saint-Sauveur au sein de Les portes-graines. Elle a acheté ses premiers tamis quand elle s'est lancée dans l'activité en janvier 2020. Une reconversion pour elle aussi, puisqu'elle était comptable. Et c'est aussi une reprise d'activité, de la Ferme Dana située juste à côté. " Je cherchais une activité agricole et, eux, avaient beaucoup de travail sur la partie production de semences. J'ai d'abord été salariée et j'ai ensuite repris l'activité complètement". Comme son tamisier, elle parle avec passion de son métier. De ses 25 variétés de semences, qu'elle cultive sur 2 500 m2, sous serres pour 90 % des cultures, et qu'elle vend principalement à Germinance (fournisseur de graines de plantes aromatiques, potagères et fourragères biologiques installé en Anjou), comme quelque 60 autres producteurs en France. Des maraîchers locaux lui achètent aussi ses semences. Ses premières récoltes arrivent en mai avec la mâche, puis le cerfeuil, le céleri et les épinards (une première cette année, comme le chou-rave). Mais le gros de la récolte est pour août et septembre. Les tamis, elle les utilise pour nettoyer ses récoltes. " Le tamis est un bon complément après le tarare et avant colonne à air pour terminer le travail " décrit la productrice.

Carine Lam n'est heureusement pas la seule à utiliser les tamis de Florian Houdmon. L'outil est aussi précieux pour les archéologues, les vitraillistes ou céramistes et même les professionnels de l'aérogommage. Si sa production est vendue en grande partie auprès de centrales d'achats, certains particuliers viennent de Pays-Bas ou de Belgique. " J'ai des marchés à explorer pour développer l'entreprise. Et pourquoi aller vers la fabrication d'éléments décoratifs " envisage le chef d'entreprise qui s'enorgueillit d'être une production " zéro déchet " en consommant peu d'énergie. Une production d'antan, encore dans l'air du temps.

Unique et historique

La Tamiserie voit le jour en 1850 et sera tenue par la famille Léger pendant plus d'un siècle, dans la Gand-rue à Poitiers. William Jallais sera à sa tête de 1985 à 2005, à Saint-Julien l'Ars. La Tamiserie déménagera ensuite à Chauvigny, puis Cubord, avec Marie-Annick Bruneau-Joubert aux manettes (de 2005-2024). L'unique Tamiserie de France est désormais installée à Châtellerault.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

Ambiance années 50 dans cette maison réhabilitée par Didier Seguin et son épouse, rue de la Martinique à Poitiers. Impossible de passer à côté de Catherine, le mannequin.
Escapade citadine, hors du temps
Le nom de la rue évoque un voyage sous les tropiques, l'intérieur du gîte fait faire un bond dans le temps. Tout cela au cœur de…
Marie-Ange Carpio utilise le gong dans ses séances de sonothérapie.
Ambassadrice des entrepreneuses de la Vienne
Marie-Ange Carpio est lauréate du concours " 101 femmes entrepreneures 2025". 101, parce que 101 départements. C'est donc la…
La CLE sert à "anticiper le mieux possible la baisse des prélèvement à venir" rappelle son président Elmano Martins.
Entre 8 et 15 millions de m3 en moins pour l'irrigation demain

La commission locale de l'eau s'est réunie le 11 juillet pour choisir trois scénarios de volumes estivaux prélevables. Ces…

Sophie et Julien Jamet ouvrent les portes de leur exploitation maraîchère au sein de leur gîte de 6 personnes.
Les jardins de Lauthiers cultivent légumes et accueil
Rendez-vous dans la commune qui compte le plus petit nombre d'habitants dans le Vienne : Lauthiers. Un couple y a débarqué…
En début de semaine Mehmed Hasic et Estelle Huillon avaient encore beaucoup de travail autour de leur dragon qui fera sa première apparition sur la Gartempe, ce lundi 14 juillet.
Un dragon à Montmorillon
Estelle Huillon et Mehmed Hasic, deux artistes installés à Montmorillon, conçoivent actuellement un dragon qui voguera chaque…
La collecte a baissé de 4,6 % en France sur le premier quadrimestre 2025.
Lait de chèvre : les fourrages de 2024 plombent la collecte

Malgré un léger mieux au printemps, la collecte 2025 subit le contrecoup des fourrages de mauvaise qualité de 2024 et des…

Publicité