Germaine Tillion jouée à Journet
La compagnie "le petit théâtre à moteur", jour l'opérette de Germaine Tillion à la ferme de Journet, en cette année de commémoration de la libération des camps. Il reste une représentation, ce soir. Celle de demain affiche complet.
Automne 1944, dans le camp de concentration nazi de Ravensbrück, Germaine Tillion, déportée depuis octobre 1943 se lance dans l'écriture d'une opérette "Le Verfügbar aux Enfers". Elle l'écrit au fond d'une caisse à pommes et ses co-détenues la protège car elle risque évidemment sa vie. Le texte a d'ailleurs été sorti du camp par une des camarades de Germaine Tillion."Sa volonté était de distraire, remonter le moral " souligne Jacques Cochin. Avec Chantal, son épouse, ils proposent cette pièce dans une grange de Journet. " C'est une opérette que j'ai découverte dans une émission sur la musique dans les camps. J'ai découvert en même temps Germaine Tillion. Elle a beau être entrée au Panthéon en 2015, je crois malheureusement qu'elle est mal connue. Elle a pourtant un parcours exceptionnel " complète Chantal Cochin qui met en scène 1 homme et 11 femmes. "Le sujet m'a paru passionnant, d'autant plus en cette année de commémoration de la libération des camps, mais il renvoie à des choses que l'on peut encore vivre aujourd'hui" précise la metteuse en scène qui ajoute "La pièce mêle texte et chanson et il y a eu un travail important d'articulation. Nous avons aussi réinventé les airs de trois chansons qui nous semblaient difficiles et élagué un peu le texte pour en faire un spectacle d'1h30 ".
Théâtre à la ferme, défi pour la retraite
Avant d'être un lieu de théâtre, le lieu-dit "le Haut Peu" de Journet, est une exploitation caprine et de production du fameux fromage "Le petit cochin" repris aujourd'hui par le fils de Chantal et Jacques Cochin, désormais à la retraite. C'est en 2004, que le couple avait transformé la grange de leur ferme en théâtre qui peut aujourd'hui accueillir jusqu'à 85 spectateurs. Bénédicte Clerc, exploitante agricole aussi à la retraite et qui a rejoint la troupe l'année dernière explique : "C'était mon défi de retraite pour sortir de ma zone de confort et ça a été fascinant. Pendant 40 ans, on a fait que travailler sans savoir qu'il y avait autre chose à côté. Après l'année dernière, j'avais forcément très envie de recommencer. Ça avait déjà été une aventure incroyable entre femmes et nous avions demandé à Chantal de trouver une pièce de femmes. On vit des moments extraordinaires et on souhaite transmettre aussi cela au public. Pour cette pièce de Germaine Tillion, j'ai été troublée par le ton de la pièce, entre le rire et l'émotion". Chantal Cochin aime d'ailleurs préciser au public de "ne retenir ni les larmes ni les rires".