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Faune sauvage : Xavier Desouche (Chambre d'agriculture) appelle les agriculteurs à «déclarer tous les dégâts»

C'est un « coup de gueule » que le président de la Chambre d'agriculture tient à exprimer : « Si les agriculteurs font l'impasse de déclarer leurs dommages causés par la faune sauvage, comment voulez-vous réussir à les faire reconnaître, ensuite ? » Explications plus détaillées dans l'interview ci-dessous.

Xavier Desouche, président de la Chambre d'agriculture de Charente
Xavier Desouche, président de la Chambre d'agriculture de Charente
© Fabienne Lebon

La Vie Charentaise : Tout d'abord, quel type de dégâts demandez-vous aux agriculteurs de signaler systématiquement à la Chambre d'agriculture ?
Xavier Desouche : Sur cultures et prairies, nous demandons aux agriculteurs de réaliser un inventaire exhaustif des dégâts causés par le gros gibier (sangliers, chevreuils, cerfs), les oiseaux (corneilles noires, corbeaux freux, pigeons ramier, étourneaux sansonnet), les lapins de garenne, les ragondins, les rats musqués et les blaireaux. Idem pour les élevages (avicoles, notamment), qui subissent des attaques de nuisibles (oiseaux, fouines, martres, putois...).
Tous les formulaires de déclaration (avec une enquête sur le gros gibier et une fiche signalétique pour les dégâts d'oiseaux) sont disponibles sur le site internet de la Chambre d'agriculture. L'agriculteur a juste à remplir et à estimer le montant financier de son préjudice.

L.V.C. : Pourquoi autant insister ?
X.D. : Pour plusieurs raisons. La première est évidente : comment voulez-vous faire reconnaître le préjudice subi par les agriculteurs charentais face aux dégâts de faune sauvage, si vous n'avez aucun chiffre réaliste à faire valoir ? Dans cet objectif, la Chambre d'agriculture a besoin d'un recensement très précis par espèce pour cartographier les dégâts, connaître l'intégralité des surfaces impactées et le préjudice réel causé.
Dans le cas de la tuberculose bovine, qui touche principalement les troupeaux bovins du sud-Charente, on sait que des animaux de faune sauvage sont vecteurs de cette maladie. C'est pourquoi la vigilance est de mise : si on estime à 10 % la contamination des troupeaux bovins via la faune sauvage, le bacille est résistant (notamment dans les terriers). D'où l'intérêt de déclarer la présence de blaireaux, de cervidés, etc., quand l'agriculteur s'en est rendu compte.
Autre exemple parlant : celui de la fouine. Si n'elle n'était plus classée nuisible, elle l'est de nouveau cette année grâce à un partenariat avec la Fédération des chasseurs.

L.V.C. : Justement, la résolution du problème ne tient-elle pas dans les relations agriculteurs-chasseurs ?
X.D. : Bien sûr, et le dialogue est plutôt bon avec la Fédération des chasseurs. Il faut aussi reconnaître qu'en matière d'indemnisations de dégâts sur le gros gibier, la Fédération des chasseurs de Charente choisit toujours la fourchette haute, sans même avoir besoin de réclamer. Mais on n'est pas d'accord sur tout ! La pierre d'achoppement entre nous, c'est les prélèvements de gros gibier, qui sont une source de revenus pour la fédération (500 000 euros environ) via la vente de bracelets. C'est aussi sur ce budget qu'est dégagée une enveloppe pour les indemnisations aux agriculteurs (100 000 euros environ), sur la base d'un barème national calculé en fonction du cours des céréales.
En Charente, 150 à 170 cerfs ont sangliers ont été prélevés en 2015, contre 3 500 à 4 000 sangliers et plus de 8 500 chevreuils. Sachant que les chasseurs prélèvent environ 25 % de la population (sauf pour le sanglier : 50 %), imaginez le nombre d'animaux de gros gibier que cela représente en Charente !
Sans compter que le schéma départemental cynégétique est un vrai casse-tête, selon le gibier. La « zone cerf » ne correspond pas à la « zone chevreuil », qui ne correspond pas à la « zone sanglier ». Un seul schéma pour tout le gros gibier serait plus cohérent.

L.V.C. : Quel est l'intérêt des agriculteurs à ne pas de déclaration des dégâts ?
X.D. : Les agriculteurs ne veulent pas se mettre en porte-à-faux avec les chasseurs, qui sont souvent leurs voisins dans les campagnes. C'est aussi un moyen de faire perdurer les sociétés de chasse locales.
Mais, « en face », on ne peut pas convenablement défendre l'agriculture charentaise, si les exploitants eux-mêmes ne font pas la démarche de signaler leurs dégâts ! La Chambre d'agriculture de Charente est la seule en France à avoir participé au financement de fusil adapté au tir de nuit. Avec des résultats probants sur la zone de Brigueuil.

L.V.C. : Si le sanglier est connu pour faire de gros dégât, qu'en est-il du chevreuil ?
X.D. : Le chevreuil peut aussi être dévastateur, notamment dans les vignes. Et la population devient telle, que cet animal de bois et de bordure de bois évolue en un animal de plaine et de haie. L'animal sait s'adapter au territoire et c'est pourquoi dans le cadre des tirs d'été, la chasse à l'approche et à l'affût est un moyen efficace de réguler la population. Il y a des secteurs en Charente où l'on a réussi à stabiliser le nombre de chevreuils : à Pillac, à Saint-Sulpice-de-Cognac... Cela montre bien que quand on veut, on peut !

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