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Eragrostis tef, la céréale éthiopienne devenue fourrage

Depuis un an, Heritage Seeds, du groupe Barenbrug, commercialise en France les semences d’Eragrostis tef, une graminée cultivée comme céréale secondaire en Éthiopie, utilisée comme fourrage en climat tempéré. À Trayens, dans les Deux-Sèvres, Emmanuel Guignard a essayé cette nouvelle culture.

Emmanuel Guignard de la SCEA Férolles, Philippe Lapierre d’Emergence agro et Alexis Deligné de Pasquier VGT’AL, à Trayes, sur la parcelle test d’Eragrostis tef d’Emmanuel, mi-septembre 2019.
Emmanuel Guignard de la SCEA Férolles, Philippe Lapierre d’Emergence agro et Alexis Deligné de Pasquier VGT’AL, à Trayes, sur la parcelle test d’Eragrostis tef d’Emmanuel, mi-septembre 2019.
© Agri79

Au lieu-dit Férolles, à Trayes (79), les terres sont sableuses. La Scea Férolles (trois associés) qui affourage en vert de mars à octobre, ses 1 800 chèvres, grâce aux cultures de luzerne (30 ha), raygrass (100 ha) et prairies (50 ha) réparties sur 180 de ses 230 ha de terre, a choisi pour l’été 2019 d’y tester Eragrostis tef.
Ce teff éthiopien n’est pas une plante miracle. Il lui faut tout de même un peu d’eau pour pousser mais son implantation est rapide et il supporte de grosses chaleurs. « À plus de 24 °C, un ray grass ne pousse plus. La luzerne doit être irriguée. Pour avoir du fourrage en vert plus tard dans l’été, j’ai testé le teff grass sur ces 2 ha », désigne Emmanuel Guignard, en charge des cultures à la SCEA. Eragrostis tef pousse, en effet, entre 13 et 37°C, voire plus !
« Même s’il est dur, il reste vert », remarque Emmanuel, qui en était à sa troisième coupe, mi-septembre. Il compare la graminée (en C4) à du gazon : « plus on coupe et recoupe, plus ça repart ». Mais attention, il ne faut pas la couper trop rase (pour les premières coupes) car les réserves sont dans la plante, dans les dix premiers centimètres.
Le teff a permis à Emmanuel de jongler avec la luzerne et le ray grass pour nourrir ses chèvres tout l’été. Il a semé fin mai (10 kg/ha, environ) quand le sol était déjà bien réchauffé, avec un semoir en ligne à sabot, à fleur de terre, puis a passé le rouleau. Les graines sont très petites. En six jours, la plante a levé. La première récolte a eu lieu fin juillet - début août, juste avant l’apparition des fleurs, quand l’herbe atteignait déjà 1 m à certains endroits, 50 cm à d’autres. « Il n’y a pas une seule mauvaise herbe », souligne Emmanuel Guignard. À part un peu de compost caprin, la culture n’a pas nécessité d’intrant.

Appétence et protéines garantis

Eragrostis tef est appétent, remarque l’exploitant… sauf quand il devient dur, en toute fin d’été, sans eau. Mais Emmanuel l’a alors donné aux vaches de la SCEA (une cinquantaine d’allaitantes). Pour éviter cela, « on commencera les coupes plus tôt, l’an prochain », dit-il, bien décidé à transformer l’essai en 2020. « Ça s’enracine bien », ajoute Emmanuel, à propos du teff. Il se demande s’il pourrait semer un maïs « dedans » au printemps 2020, ou un sorgho, ou s’il pourrait mélanger Eragrostis tef pour moitié à un trèfle d’Alexandrie. Les trois options semblent possibles. La graminée est gélive. Elle s’autodétruit. Après la dernière coupe, elle devient donc couvert.
Au meilleur stade, le taux de protéines du teff grass, comme on l’appelle aux États-Unis, est légèrement supérieur à
20 %, selon les premiers résultats d’analyses chimiques réalisées par Barenbrug : « un niveau de protéines très élevé », indique Olivier Estrade, directeur commercial agriculture du groupe. En France, Steffanie, le nom commercial d’Eragrostis tef, est vendu exclusivement par le GIE Emergence agro. « Pour que le jeu en vaille la chandelle, pour amortir la culture, il faut un rendement d’1,5 t/MS/ha car le coût d’implantation est d’environ 200 €/ha », calcule Philippe Lapierre, responsable Nord-Ouest d’Emergence agro.

 

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