Bassin sèvre niortaise marais poitevin
Entre 8 et 15 millions de m3 en moins pour l'irrigation demain
La commission locale de l'eau s'est réunie le 11 juillet pour choisir trois scénarios de volumes estivaux prélevables. Ces modélisations sont le fruit d'une étude portant sur les impacts des forages sur les nappes souterraines.
La commission locale de l'eau s'est réunie le 11 juillet pour choisir trois scénarios de volumes estivaux prélevables. Ces modélisations sont le fruit d'une étude portant sur les impacts des forages sur les nappes souterraines.


Le contexte géologique du bassin Sèvre niortaise Marais Poitevin est tel, avec ses multiples nappes, qu'une étude annexe à celle HMUC (Hydrologie, milieux, usages, climat) a été validée il y a deux ans.
En résumé, elle se penche sur les impacts des forages d'irrigation sur les eaux souterraines.
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Définir une AUP plus adaptée
Le 11 juillet, lors d'une commission locale de l'eau (CLE, sorte de Parlement de l'eau) du bassin Sèvre niortaise Marais Poitevin (SNMP), les résultats de l'étude ont été présentés, révélant neuf familles de scénarios pour prélever, demain, de l'eau en été.
"L'autorisation unique de prélèvement (AUP) a été cassée l'année dernière par décision du tribunal de Poitiers (avec des baisses brutales de volumes de 40 à 60 % selon les secteurs, appliquées dès la campagne 2025 - NDLR).
Les scénarios de l'étude appuient la demande d'une AUP numéro 3, plus adaptée et atteignable", contextualise l'hydrogéologue Yoann Touret, qui a présenté l'étude lors de la CLE pour le compte de l'Institution interdépartementale du bassin de la Sèvre niortaise (IIBSN).
Un effort sur l'eau potable
À l'issue de la réunion, trois scénarios ont été retenus pour les prélèvements en période estivale.
Le premier propose de couper les forages dès qu'un risque faible est identifié sur l'écosystème d'une nappe afférente ; le second à réduire les prélèvements selon leur impact (par pondération individuelle) sur les nappes ; le dernier consiste à procéder comme le scénario précédent, mais en conservant les volumes de printemps disponibles.
"Dans tous les cas, nos calculs incluent un effort consenti par les distributeurs d'eau potable de baisser leurs prélèvements de 10 % à l'avenir", rappelle Yoann Touret.
Les prélèvements industriels voient les mêmes logiques de diminution que le secteur agricole. C'est-à-dire des réductions fixées selon l'impact des prélèvements sur les écosystèmes qui dépendent des eaux souterraines.
Actuellement, l'ensemble des volumes prélevés en été (tous usages confondus) représente environ 33 M m³ sur le bassin SNMP."
Une cartographie qui légitime les réserves de substitution
Les trois scénarios seront affinés par une modélisation réalisée par le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) d'ici la fin 2025.
Dans tous les cas, ils impliqueront des volumes totaux diminués de 8 à 15 M de m3 (en conservant les volumes de printemps disponibles), sachant que la profession agricole a déjà passé ses prélèvements "de 50 M m3 au début des années 2000 à 24,5 M aujourd'hui",rappelle Yoann Touret.
Elmano Martins, président de la CLE, rassure : "La baisse des prélèvements est inévitable, mais la CLE sert à l'anticiper le mieux possible". Quel que soit le scénario retenu, il y aurait un délai de mise en application de trois à cinq ans.
Les cartes présentées lors des résultats de l'étude ont fait apparaître à plusieurs reprises les localisations des réserves (ou futures réserves) de substitution à côté des zones à fort enjeu pour les écosystèmes des nappes, en période de prélèvements estivaux.
"Dans ces secteurs, la réduction de la pression estivale apparaît nécessaire. La substitution peut y contribuer, parmi d'autres leviers", commente Yoann Touret.
Absente, la chambre 79 réclame un moratoire sur l'étude HMUC
La chambre d'agriculture 17-79 n'a délibérément pas participé à la commission locale de l'eau (CLE), expliquant dans un courrier suspendre sa participation aux instances de gestion de l'eau quantitative tant que les responsables des actes de vandalisme envers les irrigants ne seront pas identifiés et que des mesures judiciaires auront été prises.
Dans cette lettre lue au début de la CLE, Denis Mousseau, président consulaire, évoque une "profonde inquiétude, un sentiment d'impunité et de désarroi" provenant des irrigants, avant de solliciter un moratoire sur l'étude HMUC (Hydrologie, milieux, usages, climat) en cours sur le bassin Sèvre niortaise Marais Poitevin au motif qu'aucune étude sur les impacts économiques et sociaux n'y est associée.
Plus tôt dans l'été, la chambre d'agriculture 85 avait regretté une étude HMUC "menée au pas de charge", sollicitant deux mois supplémentaire pour la boucler.
Aux participants de la CLE qui s'inquiétaient de la chaise vide de la chambre d'agriculture 17-79, le président de la commission, Elmano Martins a répondu qu'une quarantaine de réunions présentant les résultats des études avaient déjà été menées avec les différents professionnels agricoles et environnementaux, et qu'ils resteraient informés des suites prochaines données.
Mais la position de la CLE demeure de poursuivre coûte que coûte sur la lancée de l'étude HMUC avant mars 2026.