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Des solutions pour sortir de la crise porcine

Alors que le Space s'est ouvert le 15 septembre sur fond de crise de l'élevage, les leviers d'actions dans la filière porcine existent même si elle demeure l'une des plus touchées par la baisse des prix. Un débat a pris place au salon rennais.

Dans les GMS, les éleveurs font de la chasse aux produits importés un des axes prioritaires de leurs actions contre les transformateurs et les distributeurs. (Photo d'archives)
Dans les GMS, les éleveurs font de la chasse aux produits importés un des axes prioritaires de leurs actions contre les transformateurs et les distributeurs. (Photo d'archives)
© N.C.

«Ce n'est pas la même crise que les autres années. Avant, on avait des leviers pour améliorer quelque chose et retrouver de la compétitivité. Aujourd'hui, au niveau des producteurs, on a déjà beaucoup fait. Même les bons éleveurs tremblent cette fois-ci... ». Intervenant au débat organisé le 15 septembre à Rennes par l'Association française des journalistes agricoles (Afja), André Sergent, éleveur de porcs et président de la chambre d'agriculture du Finistère, dresse un constat assez sombre de la crise que traverse actuellement la filière porcine.
Pourtant, le marché mondial des viandes n'a pas été mauvais cette année. La demande en protéines animales continue d'augmenter, et l'Asie s'est montrée particulièrement acheteuse, « mais on n'en profite pas beaucoup », note Jean-Paul Simier, directeur des filières alimentaires et agroalimentaires de Bretagne Développement Innovation, soulignant que ce sont les autres régions du monde - Etats-Unis, Canada - qui profitent d'abord de ces nouveaux marchés, puis en Europe les pays comme l'Allemagne ou l'Espagne. L'embargo sanitaire russe a également constitué selon lui « une déflagration considérable », puisqu'avant cet événement le chiffre d'affaires des exportations européennes de porcs vers la Russie atteignait 10 milliards d'euros. Pour Paul Rouche, directeur délégué du Syndicat national des industriels de la viande (SNIV-SNCP), « la crise a surtout mis en évidence que les coûts de production étaient différents au sein de l'Union européenne ». Car si la France exporte 750 000 tonnes de porc par an, elle en importe également 650 000 tonnes, principalement d'Espagne et d'Allemagne, qui vendent moins chère leur production. 

Organisation et valorisation de l'origine
Les producteurs peuvent-ils encore agir face à cette situation ? Pour Paul Auffray, président de la FNP, il faut « continuer à faire baisser les charges ». Sur ce point, Guillaume Roué, président d'Inaporc, regrette qu'avec la pression sociétale des dernières décennies, « on n'a pas beaucoup évolué en matière de structure d'exploitation », alors que les concurrents ont continué leur progression, de même que la grande distribution qui représente aujourd'hui 80 % de la distribution de viande porcine, contre 60 % il y a vingt ans.
Le président de l'interprofession souligne cependant que les choses progressent. D'une part avec l'encadrement des promotions mis en place par Stéphane Le Foll : quand la longe de porc se vendait 2,50 EUR en 2014, elle est à 3,50 EUR en 2015. D'autre part, « c'est paradoxal, mais c'est depuis que l'on a un gouvernement de gauche que l'on nous a redonné un peu de droit d'entreprendre », fait-il remarquer en citant les possibilités nouvelles de regroupement. Mais pour Paul Auffray, il faut surtout que les producteurs s'organisent mieux pour peser face au reste de la filière.
« Chaque fois que nous avons augmenté notre productivité, on se l'est faite confisquer par le commerce », explique le président de la FNP, qui entend bien redonner une place à la production dans les négociations commerciales, non seulement avec la distribution mais aussi avec les industriels qui s'avèrent selon lui beaucoup plus difficiles à rencontrer.
Pour récupérer de la valeur auprès du consommateur, une segmentation plus affinée serait également une piste, même si Guillaume Roué note qu'il ne faut pas perdre de vue que « la viande de porc doit rester populaire, ce sont surtout les paysans qui font de la qualité sur les produits de base qui vont rester », explique-t-il. Autre levier de développement pour la filière, l'exportation : « Il est important de chasser en meute », souligne ainsi Jean-Luc Angot, spécialiste de l'export au ministère de l'agriculture, alors que les opérateurs français ont encore trop tendance à se concurrencer sur les appels d'offres. La plateforme France Viande Export regroupe à cette fin une vingtaine d'entreprises françaises, dont quelques-unes dans le secteur porcin. Un logo « French Meat Export » est également en cours de développement pour mieux valoriser la viande française. Mais la visibilité et la promotion de l'origine française sont aussi nécessaires dans l'Hexagone. L'étiquetage de l'origine reste cependant plus difficile à mettre en place dans le secteur du porc, qui compte beaucoup de produits transformés avec la charcuterie.

Une édition sur fond de tension pour les éleveurs
Pas d'inauguration officielle cette année pour le Space qui se tient à Rennes jusqu'à ce vendredi 18 septembre. Retenu pour cause de conseil des ministres de l'agriculture européens le 15 septembre, jour de l'ouverture, Stéphane Le Foll, qui avait inauguré le salon l'année précédente, n'avait pas encore indiqué s'il viendrait tout de même dans la semaine. « Les raisons d'agenda sont sans doute réelles, mais nous espérons que d'ici la fin de la semaine, un ministre pourra trouver un créneau », a indiqué Paul Kerdraon, directeur du Space lors de la conférence de presse d'ouverture.
La venue d'un membre du gouvernement serait pourtant un signal positif dans ce contexte de crise des filières d'élevage qui impacte cette édition 2015.

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