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Des remous autour des néonicotinoïdes

La jaunisse des betteraves a motivé la demande d'une dérogation pour l'enrobage des semences lors des prochaines saisons.
© Pixabay

Betteraves: le gouvernement va légiférer pour permettre l’usage des néonicotinoïdes en enrobage

Le gouvernement proposera une «modification législative cet automne» pour permettre l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences de betteraves, annonce le ministère de l’Agriculture dans un communiqué le 6 août. Une décision que le ministre Julien Denormandie justifie par la «crise inédite» que traverse la filière: «Il n’existe pas aujourd’hui d’alternative pour protéger la betterave des pucerons et de la jaunisse», explique-t-il dans le communiqué. Les semis 2021 seront décidés dans les prochaines semaines, et l’infestation de jaunisse fait courir le «risque d’un abandon massif de la betterave», plaide la Rue de Varenne. Cette dérogation serait accordée pour 120 jours, «pour la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes». Permise par la règlementation européenne (règlement n°1107/2009), cette mesure serait assortie de «conditions strictes d’usage»: pulvérisation prohibée et «interdiction de planter des cultures attractives de pollinisateurs, suivant celles de betteraves». Insecticides dangereux pour les pollinisateurs, les néonicotinoïdes sont interdits depuis septembre 2018. La dérogation à venir s’inscrit dans un plan de soutien plus large, qui comprend notamment des indemnisations «dans le cas de pertes importantes» (régime des minimis), 5 millions d’euros supplémentaires pour la recherche d’alternatives à ces substances, ou encore «la définition d’ici fin 2020 d’un plan de protection des pollinisateurs».

Satisfecit de la CGB, Générations futures menace d’un recours

«C’est le bon sens qui prime», se félicite Franck Sander, président de la CGB (betteraviers, FNSEA), dans un entretien à Agra Presse le 6 août, en réaction à l’annonce de la dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes par le ministère de l’Agriculture. Selon cet agriculteur du Bas-Rhin, «le ministre a compris qu’il fallait apporter des garanties aux planteurs pour éviter que la filière s’effondre». En contrepartie du plan de soutien annoncé le 6 août, «les industriels se sont engagés à ne pas fermer d’usines», précise-t-il. «Ces annonces sont de nature à sécuriser les semis de betteraves pour la campagne 2021/2022», approuve de son côté Tereos, n°1 français du sucre, dans un communiqué. Même son de cloche à la Coordination rurale, qui estime dans un communiqué que «le dogme de l’écologie s’est heurté au mur de la réalité». La dérogation est une «solution temporaire et très encadrée face à une situation exceptionnelle», indique à Agra Presse le cabinet de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Alors députée de la Somme, c’est elle qui fut à l’origine de l’interdiction des néonicotinoïdes, inscrite dans la loi biodiversité votée en 2016. De son côté, l'ONG Générations Futures se dit «scandalisée par cette décision ministérielle», dénonce un communiqué. «Nous ne manquerons donc pas d’employer toutes les voies de recours possibles», prévient son directeur François Veillerette.

USA: projet de loi démocrate pour interdire certains phytos, dont les néonicotinoïdes

Le député Joe Neguse (démocrate, Colorado) et le sénateur Tom Udall (démocrate, Nouveau-Mexique) ont déposé le 4 août un nouveau projet de réforme de la réglementation américaine en matière de produits phytosanitaires, indiquent les élus dans un communiqué. Intitulé «Loi de 2020 pour la protection des enfants face aux pesticides toxiques», le texte prévoit d’interdire plusieurs produits dont les organophosphorés, les néonicotinoïdes et le paraquat. «Les États-Unis épandent près de 500 millions de kilos de pesticides chaque année sur la nourriture que nous donnons à nos enfants, au risque de les exposer à des molécules dangereuses», s’inquiète le sénateur Udall. La loi prévoirait également d’interdire toute molécule «jugée dangereuse par l’Union européenne ou le Canada jusqu’à sa réévaluation par l’EPA», l'équivalent américain de l’Anses. Une organisation qui aurait, dénonce le député Neguse, «fait trop longtemps passer les intérêts de l’industrie des pesticides au-dessus de la santé et de la sécurité de nos concitoyens et l’environnement». La loi, déjà présentée au mois d’avril, a reçu le soutien de plusieurs démocrates de premier plan dont Elizabeth Warren (sénatrice du Massachusetts) et Bernard Sanders (sénateur du Vermont).

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