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Histoire locale
Des fouilles qui font ressurgir le passé "viking" de la région

La découverte récente de vestiges archéologiques sur l'île de Ré met en lumière la présence scandinave dans la région à l'époque carolingienne.

Trouver des objets nordiques dans une tombe sur une île, ça arrive... Mais surtout au Danemark. C'est dire la surprise des archéologues de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) lors des fouilles qu'ils ont menées en décembre dernier à La Flotte, sur l'île de Ré. L'ancienneté du peuplement de l'endroit, qui « pourrait être un port d'échouage depuis l'Antiquité » dixit l'institut, était connue. Les scientifiques pouvaient déjà s'estimer heureux d'avoir retrouvé, sur leur chantier de fouilles, les traces de l'ancien prieuré Sainte-Eulalie, connue par les textes mais disparu depuis les guerres de Religion au XVIème siècle. Mais en explorant les tombes disséminées autour des vestiges d'une chapelle, ils ont exhumé cinq sépultures atypiques parmi celles datant de l'époque carolingienne.

De la position des corps à l'orientation des tombes, plusieurs indices laissaient entrevoir que ces découvertes étaient spéciales. Mais c'est le mobilier qui a jusqu'ici livré les indications les plus intéressantes : des peignes se rapprochant de modèles découverts dans la région frisonne (nord des Pays-Bas actuels), des objets métalliques similaires à d'autres identifiés en Angleterre, ou encore des perles d'ambre, de verre, d'os et d'alliage cuivreux typiques du monde nordique du IXème siècle. Même s'ils doivent encore être confirmés par des analyses génomiques sur les individus, voilà beaucoup d'indices qui renvoient aux fameux « Vikings ».

Plusieurs décennies de raids et d'occupations

Qui étaient-ils ? Derrière le mythe et les images populaires, popularisées notamment par le cinéma américain (en particulier le film homonyme de 1958, avec Kirk Douglas et Tony Curtis), la réalité est plus contrastée. Ceux qu'on appelait alors Normands (c'est-à-dire « Hommes du Nord ») ou Danois étaient souvent des navigateurs à la fois commerçants et pilleurs, selon les circonstances. 

Les raids furent nombreux entre la fin du VIIIème siècle et le milieu du XIème, sur tout le littoral européen et jusqu'aux côtes méditerranéennes et de la Mer Noire. 

Ils bénéficiaient pour cela d'un avantage technologique avec leurs navires à fond plat, qui portaient de nombreux noms, notamment knörr pour les modèles les plus classiques, langskip pour les plus grands (mais pas drakkar, un terme français inventé au XIXème siècle !). Si leurs raids ont marqué leurs contemporains, c'est parce qu'ils ont déstabilisé des royaumes déjà fragilisés, notamment dans la France actuelle où les querelles familiales des héritiers de Charlemagne empêchaient les réponses rapides aux incursions. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls ; à la même époque, les Hongrois et les Sarrasins multipliaient eux aussi les pillages.

Dans la région, les Normands ont mené des raids importants à partir des années 830, profitant des fleuves et rivières (Charente, Gironde ou encore Vienne) pour mener des attaques à l'intérieur des terres. Saintes en particulier, alors rattachée au royaume d'Aquitaine, subit plusieurs attaques entre 845 et 865. Au début des années 2000, des fouilles ont mis en exergue la présence d'une occupation scandinave à Taillebourg. La Charente-Maritime d'alors, où le marais de Brouage et le marais Poitevin sont encore largement sous les eaux, offre un terrain de « jeu » idéal pour ces navigateurs qui auraient aussi occupé le site de l'actuel port du Plomb, à L'Houmeau... Et donc l'île de Ré, où leur présence pourrait désormais être pleinement attestée. Ces bases permettent de cibler d'autres lieux de la région, comme Melle, qui comporte alors d'importantes mines d'argent. Les pires affrontements dans cette partie de l'Aquitaine se déroulent au début des années 860, quand, en l'espace de quelques années, les Normands ravagent Poitiers (à plusieurs reprises), Angoulême et tuent plusieurs comtes francs importants de la région. Si plusieurs raids suivront au cours des décennies suivantes, la résistance s'organise peu à peu avec la construction de fortifications en des lieux stratégiques ; les ducs d'Aquitaine fondèrent par exemple Surgères dans ce but. Finalement, à la faveur de plusieurs phénomènes, dont la christianisation progressive de la Scandinavie et la sédentarisation des Normands dans le nord de la France (l'actuelle Normandie), les raids vikings en Poitou et Saintonge ont pris fin peu après l'an 1000... Laissant place progressivement à un imaginaire populaire où ils sont encore aujourd'hui bien présents.

 

Pour en savoir plus :

> " Les Vikings ", par Régis Boyer, Éditions Perrin

> inrap.fr

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