Des fermetures d'écoles désormais programmées
C'est une nouvelle méthode de travail qui s'opère dans la Vienne autour des écoles. Le rectorat travaille avec les collectivités locales pour anticiper les fermetures contre des compensations pour les communes. Exemple en pays Mélusin.

Jean-Louis Ledeux l'énonce clairement : "Aucun maire ne prend son mandat avec la volonté de fermer son école. Mais il s'agit de prendre son destin en main pour ne pas subir l'inéluctable". Bernard Chauvet, maire de Jazeneuil renchérit. " C'est un crève-cœur de fermer son école. Une commune sans école c'est une commune morte mais il faut qu'on sauve l'attractivité de nos communes". L'élu parle aussi en tant que président du syndicat intercommunal à vocation scolaire (Sivos) du Pays mélusin. "Pour les maires, l'heure était venue de poser la question de la qualité de service qu'est l'école, alors que leur contribution représente pour certains la moitié du budget de la commune" explique Jean-Louis Ledeux.
4 écoles vont fermer
La perspective de transférer de nouveau la compétence des bâtiments aux communes ne suffisait pas à répondre. Qui plus est, dans un contexte démographique où les effectifs sont passés de 1 150 à 875 (soit environ la perte de 10 classes ces 8 dernières années.
Les constats dressés, il a fallu l'analyse d'un cabinet extérieur. La concertation d'un an entre les maires des 9 communes du Pays Mélusin*, le Sivos, Grand Poitiers, le conseil départemental de la Vienne, le conseil régional Nouvelle-Aquitaine, la préfecture, le rectorat, la Caf et l'Université de Poitiers, prend donc aujourd'hui la forme de la fermeture de 4 écoles du territoire : Sanxay et Cloué en 2027. Leurs élèves seront affectés aux écoles de Celle-Lévescault et Jazeneuil, avant que cette dernière ferme à son tour en 2028. Les élèves iront alors à Lusignan. Curzay-sur-Vonne est aussi sur la sellette pour 2028. "Il y a encore un doute car c'est une école maternelle et nous voudrions préserver ces classes pour éviter les trajets en bus pour les plus petits" convient Bernard Chauvet.
La "lettre d'intention" qui reprend cette procédure voit donc loin mais n'empêche pas certaines classes du territoire de fermer à la rentrée en 2025 à l'instar de Lusignan, Celle-Lévescault et Rouillé.
Rayer de la carte des écoles ?
Il y a la baisse démographique mais aussi une problématique de recrutement pour le rectorat. Dans ce contexte, Frédéric Artaud, adjoint à la directrice académique de la Vienne, Nathalie Alcindor, l'affirme : " La philosophie n'est pas de rayer de la carte les petites écoles de nos villages de la Vienne mais de continuer à mailler le territoire avec des structures pérennes. La volonté est que les décisions de fermetures ne tombent plus comme un couperet chaque année mais que les élus, qui ont parfois du mal à assumer des frais de fonctionnement, puissent anticiper les fermetures". D'ailleurs, le travail effectué en Pays Mélusin a lieu aussi du côté d'Usseau, Antran, Vellèches ou Mondion ou encore en Loudunais. "Le constat que les petites structures favorisent la réussite n'est plus forcément vrai" complète Frédéric Artaud
Des gages pour les communes
Et c'est du donnant-donnant. En Pays Mélusin, il s'agit d'intégrer les 9 communes dans la démarche village d'avenir avec, à la clé, des études sur des projets de développement, notamment dans les bâtiments vacants des écoles. "Est-ce qu'ils peuvent accueillir des services, des entreprises, des associations ? Il faut de toute façon faire en sorte que nos communes ne perdent pas trop en attractivités" souligne Bernard Chauvet qui a d'ailleurs rénové les bâtiments de Jazeneuil il y a 2 ans. Et il faudra aussi travailler avec les partenaires financiers pour organiser les transports, les cantines et les accueils périscolaires.
Quid des activités périscolaires
La semaine dernière, lors des questions au gouvernement, la Sénatrice de la Vienne Marie-Jeanne Bellamy est intervenue au sujet du fonds de soutien au développement des activités périscolaires (AP), une aide financière attribuée aux communes pour organiser des activités quand la semaine de 4 jours et demi a été instaurée. Ces aides s'arrêteront à la rentrée prochaine. Pour le Pays Mélusin, par exemple, cela représente 40 000 €. "Le suspens n'a que trop duré, la rentrée approche et il faut sécuriser les maires sur le financement de ces activités" interpellait Marie-Jeanne Bellamy au Sénat, et répliquant ensuite, après la réponse de Philippe Baptiste, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche " qu'il n'y avait pas de montant en face des projets des Territoires éducatifs ruraux. Ce n'est pas de ce genre de discours que nous voulons mais du concret ". Contactée un peu plus tard dans la journée, Marie-Jeanne Bellamy s'est montrée inquiète. " L'enjeu c'est l'accès à la culture, à l'aide aux devoirs, aux sports pour de nombreux enfants en milieu rural. Il ne faut pas faire que de parler d'équité mais le faire" a complété Marie-Jeanne Bellamy qui promet de relancer sur le sujet Françoise Gatel, ministre déléguée à la ruralité.