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Défendre la profession, en équipe

La semaine dernière, Aurélie Fleury a été élue président de la FNSEA de la Vienne. Rencontre avec cette agricultrice de Thurageau de 45 ans, impliquée de longue date dans le syndicalisme.

Aurélie Fleury, 45 ans, est la première présidente de la FNSEA de la Vienne.
Aurélie Fleury, 45 ans, est la première présidente de la FNSEA de la Vienne.
© Elisabeth Hersand

Depuis quand êtes-vous installée en agriculture ?

Depuis 2000, l'année de mon Bac agricole. À l'époque, je me suis installée seule sur 40 hectares, et nous avons ensuite réuni trois exploitations familiales: la mienne, celle de mes parents et celle de mon mari, en Gaec en 2003. Nous avons aujourd'hui 350 ha de céréales et 10 ha de vigne, dans l'AOC Haut Poitou.

Vous avez toujours voulu être agricultrice ?

Oui, c'est une histoire de famille. D'ailleurs, mes deux fils souhaitent aussi s'installer. Marius, qui a 19 ans, va rester sur la ferme, tout d'abord en salarié, et il voudrait ajouter un atelier d'aviculture, avec de la vente directe. Mon autre fils, Arthur, qui a 14 ans veut lui être dans la viticulture.

Et le syndicalisme est aussi une histoire de famille ?

J'ai fait ma première manifestation à 16 ans. Je me souviens bien d'être allée sur le rond-point de Mirebeau en tracteur. Ça m'a marquée, et j'étais fière de défendre le métier de mon père. Lorsqu'il y a eu la Fête de la Terre en 2008 à Neuville, j'étais membre du bureau organisateur. Et lors du concours régional de Labours, en 2012, j'étais la présidente du canton de Neuville. Je suis ensuite entrée à la FNSEA dans les années 2010, et j'ai créé Pause Café en 2018. Mes enfants ont eux aussi grandi au rythme des manifestations agricoles, et Marius est adhérent aux JA. Mon mari est président du syndicat des producteurs de vins du Haut Poitou, et je suis moi-même dégustatrice au sein du syndicat.

Vous avez beaucoup d'activités. Comment allez-vous vous organiser ?

La FNSEA dispose de jours par la Service de Remplacement. Je vais en utiliser, mais pas seulement moi. Nous allons les répartir sur l'ensemble des membres du bureau. Car c'est un travail d'équipe, et chacun va se charger de dossiers dont il est proche.

  • Je veux rassembler les exploitants et être leur porte-parole, et pas seulement celui des femmes.

Ce travail supplémentaire vous a fait hésiter à vous engager ?

Non, absolument pas. J'ai effectivement un peu hésité, mais plutôt parce que j'avais peur de ne pas être à la hauteur. J'ai toujours eu envie de défendre la profession. Je savais qu'il y avait une bonne équipe, et ils m'ont rassurée sur mes compétences. J'avais peu confiance, et ils me l'ont donnée. Je vais suivre des formations proposées par le national, et nous avons revu l'organisation de la FNSEA, avec un nouveau directeur, Nicolas Touchard, qui vient une fois par semaine, et les 5 autres salariés, dont une nouvelle animatrice recrutée cet été.

Quels sont les sujets qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

Je veux rassembler les exploitants et être leur porte-parole, et pas seulement celui des femmes. Il y a actuellement beaucoup de sujets d'inquiétude pour les agriculteurs. L'indice de fermage a beaucoup progressé l'année dernière et cette année. Je crains que certains ne puissent pas le payer.

Après les mobilisations de janvier, la colère semble retombée. Cela veut-il dire que tout est désormais rentré dans l'ordre ?

Non, c'est le contraire, et le silence de certains est justement inquiétant. Le mal-être de janvier est toujours présent, et la météo peu favorable, avec des pluies incessantes, s'est rajouté à ça, avec de mauvaises récoltes. Avec, en plus, des intrants en hausse et des prix d'achat des produits agricoles à la baisse. L'effet ciseau va être terrible. Les agriculteurs ont un vrai manque de trésorerie, et nous sommes allés voir les banques locales. Elles ne peuvent rien faire de plus que des prêts à court terme. Mais c'est reculer pour mieux sauter. Il faut absolument des annonces au niveau national. Cela pourrait arriver dans les semaines à venir, mais c'est urgent !

Les simplifications annoncées après les mobilisations du début d'année n'ont pas porté leurs fruits ?

Malheureusement, non. Il y a toujours une pression folle. C'est usant. Par exemple, pour le remboursement partiel de la taxe intérieure de consommation TICPE/TICGN, il faut maintenant remplir une attestation en ligne. C'est vrai que cela ne paraît pas très compliqué, mais il faut avoir internet et quand on n'est pas loin de la retraite, on n'est pas toujours très à l'aise avec l'informatique. Il fallait le faire avant le 1er juillet, et je sais que certains ne l'ont pas fait. Ils devront donc demander le remboursement après. Mais le souci, c'est que sur nos factures de GNR, ce remboursement n'apparaît pas. Comment savoir donc à partir de quelle date il faudra le demander ? Ce n'est pas très clair et facile à suivre.

L'eau fera aussi partie des sujets de la rentrée ?

Oui, nous devons réussir à avancer sur ce dossier. D'autant que lors des dernières mobilisations, nous avons découvert qu'il y a eu des dégradations sur des tuyaux d'irrigation (lire en page 3).

Les élections à la chambre d'agriculture sont aussi un enjeu ?

Oui, mais nous commencerons à y travailler seulement dans quelques mois. Nous devons d'abord nous consacrer aux conséquences de la mauvaise récolte, aux prix qui ne suivent pas, et au manque de trésorerie qui s'accentue.

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