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Viande bovine
Dans la filière, seuls les éleveurs n’ont pas pu répercuter leurs charges

Les industriels et la distribution n’auraient pas tiré profit de la crise de la viande bovine, selon l’observatoire des prix et des marges. Mais les éleveurs n’ont pas pu répercuter l’augmentation de leurs coûts de production. Ils en sont les grands perdants

A partir de 2005, l’entrée en vigueur du « paquet hygiène » a conduit à la mise en place de systèmes de traçabilité dans toute la filière.
A partir de 2005, l’entrée en vigueur du « paquet hygiène » a conduit à la mise en place de systèmes de traçabilité dans toute la filière.
© S. Leitenberger

 

«Les perdants, ce sont les producteurs bovins », n’a pas hésité à déclarer Bruno Le Maire, à l’issue de la communication de Philippe Chalmin sur les prix et les marges dans la filière bovine, le 6 janvier à Paris. Le rapport commandé par le ministre de l’Agriculture à Philippe Chalmin, président de l’observatoire des prix et des marges, au plus fort de la crise bovine de l’automne  exonère l’industrie de la viande et la distribution d’avoir profité de la crise pour gonfler leurs profits sur le dos des éleveurs. En effet, le président de l’observatoire n’a pas observé de dérives au niveau des prix et des marges dans tous les maillons de la filière tout au long de la période 2000-2010. En revanche, il pointe le fait qu’un seul maillon n’a pas pu répercuter l’augmentation de ses charges, c’est celui de la production.

Au cours de la période 2000-2010 en effet, les prix au stade de la production ont fait preuve d’une assez grande stabilité malgré des fluctuations saisonnières importantes et des différences sensibles entre les systèmes laitiers et allaitants, surtout si l’on tient compte de l’impact en 2001 et 2002 de la crise de l’ESB. Le niveau des prix de 2010 de 2,75 €/kg de carcasse pour une vache de réforme « moyenne », correspond à peu près à la moyenne de la période considérée, observe Philippe Chalmin.

 

Crise de la vache folle

Sur la même base du même kilo d’une carcasse reconstituée, la marge brute de l’industrie et de la distribution a augmenté d’un peu plus d’un euro/kg de carcasse, « 1,06 euro/kg exactement, en dix ans », constate-t-il. Une croissance qui s’explique par plusieurs raisons. D’abord le durcissement des mesures sanitaires et de traçabilité des viandes consécutives à la crise de l’ESB. Et l’observatoire de viser l’augmentation et la création de diverses taxes sanitaires, les coûts des tests ESB, d’élimination et d’enlèvement de déchets, la moindre valorisation du cinquième quartier…  A partir de 2005, l’entrée en vigueur du « paquet hygiène » a conduit à la mise en place de systèmes de traçabilité dans toute la filière. Bref sur les 1,06 €/kg carcasse, 0,49 €/kg de carcasse seraient liées aux nouvelles contraintes sanitaires et d’hygiène consécutives à la crise de la vache folle. 

A cela s’ajoute l’élargissement des contraintes environnementales comme la généralisation des stations d’épuration dans les abattoirs (coût estimé : 0,20 €/kg de carcasse). Si on tient compte des modifications des modes de consommation alimentaire (barquettes, produits de plus en plus élaborés, emballages…), gourmands en consommations intermédiaires, de l’augmentation du prix de  l’eau et de l’énergie, la hausse  des charges d’exploitation est estimée à 0,25 €/kg de carcasse. Sans parler de celle des charges en personnel liées au passage aux 35 heures. 

 

Une première étape

Cette analyse est corroborée par l’évolution des comptes de l’industrie et de la distribution. Notamment le résultat net industriel qui s’est établi sur l’ensemble de la période autour de 10 centimes par kilo de carcasse, sans qu’on puisse distinguer d’augmentation sensible.

Conclusion de Philippe Chalmin, l’évolution des coûts « n’a permis en aucune manière d’augmenter le prix payé aux producteurs mais n’a pas non plus gonflé les marges nettes de l’industrie et de la distribution. Au sein de la filière, les éleveurs sont les seuls acteurs à ne pas avoir pu répercuter dans leurs prix de vente l’augmentation des coûts de production ». Et cela est d’autant plus dramatique pour les éleveurs que  les prix à la production même complétés par les aides ne couvrent pas l’intégralité de leur coût de production. 

Reste que ce rapport n’est qu’une première étape. Philippe Chalmin le reconnaît lui-même puisqu’il n’est pas parvenu à dissocier la marge de l’industriel de celle du distributeur. Une analyse plus approfondie devrait apporter un éclairage en ce sens, d’ici le mois de juillet.

Déception des éleveurs

Alain Chabauty, ne cache pas sa déception. Dans le pré-rapport Chalmain de décembre 2010, dont il a eu connaissance, « il apparaissait que plus on s’approche du consommateur, plus la marge nette augmente et plus on est proche du producteur, plus les coûts de production ont augmenté ». Le président de la section bovine de la FDSEA, regrette « la précipitation » avec laquelle est sorti ce rapport : « On n’est pas allés au fond des choses, notamment dans les secteurs de la transformation et de la distribution. J’espère que l’on aura quelque chose de plus complet en juin », souligne-t-il.D’ici là, il ne désespère pas que les cours se redressent, notamment parce que le mouvement est en marche sur les produits d’Amérique du sud, d’Italie et d’Allemagne pour les réformes laitières. « Chacun dans la filière, sauf les éleveurs, a réussi à répercuter ses hausses de charges. Il reste aux éleveurs à le faire, en répercutant les 60 centimes demandés depuis l’automne. « On y est presque pour les jeunes bovins mâles, mais pas du tout pour les femelles. » De là à en conclure que certains se satisfont de cette situation, il n’y a qu’un pas qu’Alain Chabauty franchit sans détours : « C’est bien la transformation, sans doute avec la complicité de la distribution, qui verrouille l’augmentation des prix à la production », assure-t-il.

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