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Bovins viande
Congrès de la FNB : « Il ne peut pas y avoir d’agriculture sans élevage »

La section Bovins viande de la FNSEA 17 accueille du 11 au 13 février le congrès de la Fédération nationale bovine, à La Rochelle. Entretien avec Patrick Bénézit, président de la FNB, et Éric Berbudeau, responsable du comité d'organisation.

Éric Berbudeau et Patrick Bénézit.
Éric Berbudeau et Patrick Bénézit.
© L. Guilemin

Après Vichy, en 2024, la FNB a choisi la Charente-Maritime pour organiser son 39ème congrès. Pourquoi ce choix ?

Patrick Bénézit : Les éleveurs de la section bovin viande de la FNSEA 17 nous avaient déjà sollicités pour l’organiser mais la Covid est passée par là. Le comité d’organisation a réitéré sa demande l’année dernière et nous l’avons acceptée. Nous sommes très heureux de venir dans ce beau département, pour la première fois. 
La Charente-Maritime a un élevage important avec ses spécificités, notamment avec les marais. Les éleveurs sont motivés et certains sont engagés dans la filière Éleveur & Engagé.

Le thème de la table ronde est « Bâtir des politiques publiques qui pérennisent notre élevage durable ». Pourquoi ce sujet ?

Les éleveurs ont besoin des politiques publiques qui encouragent et portent l’élevage, notre modèle français. Nous avons ressenti, que ce soit avec le rapport de la Cour des Comptes, la Pac, ou bien certains discours vis-à-vis de l’élevage, qu’il y a besoin de remettre en marche cette dynamique autour de la filière. Elle est absolument nécessaire au niveau français. La décapitalisation, c’est un million de vaches en moins, depuis 2016. Nous demandons une politique forte pour la protection de notre modèle, qui est unique par rapport au modèle d’élevage que l’on peut voir en Amérique du Nord et du Sud. Il doit être protégé des concurrences déloyales. Il faut des clauses miroirs. Cela fait aussi partie de nos politiques publiques de mettre en valeur nos modèles d’élevage très vertueux. 
Nous avons besoin d’une réglementation très forte sur les origines des viandes, et ce quel que soit le type de viande ou son degré de fabrication en tant qu’ingrédient. Le consommateur doit être informé. 
Il faut une protection de notre modèle afin de favoriser la rémunération par le prix. Il convient de poursuivre les engagements et le renforcement de la loi Egalim. Cela passe par la contractualisation, mais aussi la fiscalité, dans un environnement normatif favorable à l’élevage. 
On peut aussi citer une politique publique sanitaire, plus en préventif qu’en curatif, avec une logique respectant les échanges commerciaux.  Nous souhaitons une politique de gestion des risques qui soit adaptée à l’élevage.

L’avenir de l’élevage passera aussi par la jeunesse ? 

À l’occasion de ce congrès, les travaux conduits ont pour but de redonner des perspectives aux éleveurs, aux jeunes surtout. Il faut donner des garanties et de la visibilité, car la question du renouvellement des générations va se poser. Au-delà de l’élevage, c’est de la ruralité dont il est question. Sans élevage, elle n’est plus la même. Il faut que ces politiques publiques deviennent des moteurs de croissance pour stopper la décapitalisation, permettre aux jeunes de croire au métier, de redévelopper de l’élevage sur tous les territoires.

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard est attendue lors de la dernière journée. Qu’espérez-vous ? 

Nous espérons des réponses concrètes. L’ensemble de ces sujets ont fait l’objet d’engagements de la part de l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, l’hiver dernier, lors les mobilisations. Michel Barnier et Annie Genevard ont pris le sujet à bras le corps, mais la censure a coupé l’élan. On ne lâche rien. Nous souhaitons que François Bayrou tienne les engagements.

Faut-il rester optimiste pour l’élevage ?

Oui. Il ne peut pas y avoir d’agriculture sans élevage. L’élevage et les systèmes de polyculture élevage, présents notamment en Charente-Maritime, sont parmi les plus vertueux. Ils offrent une réalité agronomique, environnementale et une autonomie sur l’exploitation. 
Les consommateurs aiment la viande française, malgré l’augmentation des prix. La consommation se tient de manière très correcte. Ils nous soutiennent vis-à-vis du Mercosur. Ils nous donnent de l’espoir. 
Nous restons optimistes, mais plus que jamais nous avons besoin d’avoir des politiques publiques qui soient en faveur de l’élevage. Qu’on le veuille ou non, les politiques publiques peuvent avoir un effet sur notre projet qui est d’arrêter la décapitalisation et inverser la courbe. 
C’est une sorte de reconquête par des politiques publiques adaptées. S’il y a le prix, une bonne fiscalité, si notre modèle est bien protégé par rapport aux importations, si on a une politique sanitaire cohérente avec un environnement normatif satisfaisant, je suis convaincu que l’on peut redonner de l’espoir au monde de l’élevage. 

 

Une belle aventure humaine

Dans quelques jours la Charente-Maritime accueillera, pour la première fois, le congrès de la FNB. Comment s’est déroulée la préparation ?

Éric Berbudeau : Des heures de réunions, d’échanges, des rencontres, des compromis… voilà un rapide résumé. Au congrès de la FNB à Vichy, en 2024, lors de la passation du bouclier, nous avons été informés officiellement. Nous avons mis en place un comité d’organisation. Une dizaine de personnes ont accepté de s’investir dans ce challenge. 
Tels une équipe de rugby, nous avons fait bloc afin que ces trois jours se déroulent dans de bonnes conditions. Nous avons écouté les idées des uns et des autres afin de faire émerger un programme qui, nous l’espérons, plaira. 
Humainement, c’est une belle aventure. Chacun a fait fonctionner son réseau de connaissances. L’investissement de tous a été important. Je les en remercie, ainsi que nos partenaires.

Combien de personnes attendez-vous ? 

Environ 400 congressistes seront présents, avec notamment les élus de la FNB ainsi que les délégués des sections bovines de France, éleveurs et administratifs. C’est un événement majeur pour la FNB. C’est une occasion de mettre en exergue les problématiques actuelles.

Quel sera le programme ? 

Le mardi 11 février, nous proposons, pour les congressistes présents, une visite d’exploitation chez un éleveur pour évoquer les coûts de production, les aspects transmission et la situation des marchés. Nous organiserons aussi une conférence de presse. 
Nous allons aussi mettre en lumière la démarche « Éleveur & Engagé » qui réunit près de 90 éleveurs. Nous voulons aussi souligner la singularité de notre département, avec ses 110 000 hectares de zones humides. Les éleveurs jouent un rôle prépondérant dans l’entretien des marais. Sans les limousines, les charolaises, les blondes d’Aquitaine, il n’y a plus de marais. Nous avons besoin de jeunes pour faire perdurer cette activité. Sans renouvellement de génération, c’est tout un pan économique et environnemental qui part. 
Le mercredi 12 février, rendez-vous au Forum des pertuis, le matin avec une partie statutaire. L’après-midi, des groupes de travail plancheront sur trois thématiques : la politique sanitaire, orientation et moyens pour anticiper ; maigre ou engraissement ; valoriser les atouts sociétaux de l’élevage bovin. 
Enfin, le jeudi 13 février, pour les personnes qui ne connaissent pas l’agriculture charentaise-maritime, un film présentera ses atouts. À partir de 10 h, une table ronde avec pour thème « Bâtir des politiques publiques pour pérenniser notre élevage durable » recevra des élus français et européens. Nous attendons aussi la ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, Annie Genevard.

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