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Chine : Mirage ou réalité ?

Il est toujours difficile de faire la part des choses, même après l'éloquent colloque d'Horizon International à La Rochelle.

© Wikimédia Commons

Du marché chinois, on espère beaucoup, mais l’on n’en comprend pas toujours les rouages. Ils sont imbriqués dans ceux de l’économie mondiale, grippés par le «contentieux» sino-américain et dépendent d’une population d’un milliard trois-cent-quatre-vingt-deux millions d’individus. Et pas question de tenter de les convertir à notre occidentalisme : ils sont Chinois, pensent en Chinois, agissent en Chinois, commercent en Chinois. Un leitmotiv que l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, aujourd’hui représentant spécial du gouvernement pour la Chine, martèle : «Ils ne réagissent pas comme nous. Ce sont des commerçants.» Mais nos modes de vie les intéressent. Chez eux, ils importent la pratique de la voile, de l’équitation, boivent nos spiritueux ou améliorent leur thermalisme. Ici, ils investissent dans le luxe, les savoir-faire, les châteaux de la Loire, les monuments ou les vignes du Bordelais.
Une «co-construction» qui séduit nos «amis Chinois». Tous les «défricheurs» qui ont tenté - et parfois réussi - l’approche du marché chinois peuvent en témoigner : le temps, la confiance, la persévérance y sont capitaux. Pas question d’opportunisme dans l’Empire du Milieu. Ou, en tout cas, plus maintenant. C’est en cela que le mirage, le «rêve chinois» si cher au président Xi Jinping s’évanouit : l’ère de l’assimilation économique bienveillante sous Deng Xiaoping est révolue. Surtout à une époque où le conflit très médiatisé entre les États-Unis de Donald Trump et la Chine est au cœur de toutes les discussions commerciales.

Le pays s’exporte et évolue

La Chine s’est d’abord ouverte au monde, mais elle a ces dernières années fait évoluer drastiquement sa politique. C’est l’autre versent de l’économie chinoise : ses investissements à l’étranger s’élevaient en 2017 à 1 800 milliards de dollars. Les plus visibles sont ceux réalisés en Afrique, où le pays prend un ascendant de plus en plus remarquable.
Cerner la réalité chinoise est complexe tant sont vertigineux les chiffres : les villes se comptent en millions d’habitants, les bourgs en centaines de milliers. La politique de l’enfant unique a été abandonnée. Les Chinois voyagent, à présent : l’an  dernier, ils étaient 135 millions à découvrir le monde. Soit plus de deux fois la totalité de la population française. Un chiffre d’autant plus remarquable qu’ils n’étaient que 5 millions à le faire en 1995... La hausse s’établit à 17 % par an. C’est aujourd’hui le premier pays émetteur de touristes. En France, les voyageurs chinois sont devenus plus nombreux que leurs homologues américains.

Des bases toujours fragiles

Mais les indicateurs économiques de la Chine s’assombrissent. Selon la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface), la croissance chinoise ralentit en 2018. Principal problème : l’endettement des entreprises, qui s’ajoute à celui du pays, malgré le rebond des exportations en 2017. Selon Sylvain Laclias, économiste au Crédit agricole, «l’industrie manufacturière semble sous pression. Cela viendrait avant tout de l’extérieur, et plus précisément des taxes douanières introduites en deux temps par Washington, début juillet et fin septembre. Pékin a déjà commencé à se montrer plus accommodant en matières monétaire et budgétaire, afin de préserver son objectif de croissance pour l’année en cours, aux alentours de 6,5 %. Mais l’économie chinoise ne semble pas aller au mieux.» Également économiste au Crédit agricole, Catherine Lebougre ajoute : «dans le scénario sino-américain, la Chine continuerait de compenser les effets négatifs des droits de douane par des mesures de relance. L’impact négatif sur la croissance chinoise serait donc limité et si la croissance chinoise reste fore, les pays exportant vers la Chine ne seront que modérément affectés.» Voilà pour le contexte général. Une nouvelle équipe dirigeante est en place depuis un an, autour du président Xi Jinping et de son Premier ministre, Li Keqiang. Seconde puissance économique mondiale, malgré des bases toujours fragiles, la Chine séduit : on y espère toujours des marchés mirobolants. Trop, sans doute. Seuls la ténacité et le partenariat long terme semblent payer, via une politique des petits pas.

 

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