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Chanvre : en panneau et en bloc

Alors que la filière chanvre doit encore se développer dans les parcelles, les débouchés se multiplient. Et les recherches avancent. Exemples avec un projet porté au sein de la Technopole de Grand Poitiers, Neoloji, autour des poussières de chanvre transformables en panneaux pour du mobilier, et des parpaings fabriqués en Charente.

Nous sommes à l'aube de la création d'un nouveau matériau. Car il fallait bien faire quelque chose des poussières qui arrivent après le défibrage du chanvre. D'autant que cela représente un volume de 3 tonnes par an et l'objectif est bel et bien de proposer encore un nouveau débouché et rémunérer encore la filière. Au départ, l'idée était de fabriquer un filament d'impression 3D. Mais le volume de déchets ne pourrait pas être écoulé. Alors pourquoi pas des panneaux rigides, biosourcés et recyclables? Le fruit de réflexion de quatre partenaires qui ont ainsi décidé d'unir leurs forces pour imaginer un devenir à ces poussières. Il y a La Chanvrière du Clain, une coopérative d'agriculteurs producteurs de chanvre qui vont assurer l'approvisionnement en matière première, l'entreprise Futuramat, dans la Vienne, connue pour innover dans la conception de matières principalement destinées à l'injection et au thermoformage. Près de la Rochelle, l'association "La Matière" est une matériauthèque au sein de laquelle se déroule des ateliers d'agencement. Ici, un machine ditesde "précious plastique" qui transforme et recycle le plastique va permettre de réaliser les tests de pressage des panneaux de  poussières de chanvre et réaliser la notice technique. Enfin, le Fablab des Usines de Ligugé coordonne le projet et réalisera les prototypes.

Mobilier, agencement, décoration

Le projet vient d'ailleurs de remporter le Challenge Open Innovation "régénération des territoires" lancé par les 4 technopoles de Nouvelle-Aquitaine et l'Ademe, et le soutien financier du fonds Lisea et d'un appel à projet du Conseil régional Nouvelle-Aquitaine ainsi que de Grand Poitiers. "L'heure est à l'expérimentation. Il s'agit en effet d'intégrer 95% voire 100% de matériaux biosourcés dans le mobilier. Mais il faut aussi tester la durabilité et faire des test avec des petites plaques dans un premiers temps " explique Julien Rat du Fablab de Ligugé. Des tests sur des plus grandes plaques seront ensuite réalisés. "En mai 2026, on prévoir de faire travailler des designers sur des objets, du mobilier à fabriquer et pour définir un coût, de l'objet mais aussi son coût carbone et l'empreinte globale du projet" souligne Julien Rat. 2027 sera l'année de la stabilisation pour la filière et l'achat d'une presse pour le fablab de Ligugé.

Et le truc en plus du projet c'est la volonté d'être en "Open source", autrement dit ouvert. " Nous allons documenter le process et créer un livre de recettes de fabrication" confirme Julien Rat. Il s'agit d'encourager la reproduction, la diffusion voire l'amélioration du procédé. Mais l'heure est aussi à la demande d'aide pour développer le concept: aides techniques et certification, évaluation environnementale, des terrains d'expérimentation dans des projets concrets et des besoins de financements complémentaires.

Le chanvre se fait déjà bloc. Exemple à deux pas du parc des expositions de Grand Angoulême où un nouveau quartier est sorti de terre. Les bailleurs sociaux y ont construit des dizaines de logements ces derniers mois. "Notre programme a concerné 25 logements, allée Antoine-Emilien-Jarreton, décrit Mélanie Salzat, chargée d'opération à l'Oph de l'Angoumois. Ils ont été livrés en juin. Il y a 9 logements individuels du T3 au T5 et 16 intermédiaires (des T3 de plain-pied et des T4-T5 en R + 1). Nous avons souhaité recourir aux matériaux biosourcés pour cette opération". L'ossature bois et la végétalisation des toitures ont été envisagées, mais n'ont pas pu être mises en œuvre pour des raisons techniques. Il a été décidé d'utiliser des matériaux en bloc de chanvre. "Malheureusement, la topographie des lieux ne nous a pas permis d'intégrer les blocs dans toutes les constructions (pente, contraintes sismiques et besoin de soutènement), explique Olivier Bienfait, du cabinet d'architecture bordelais Atelier Baobab. Seuls les logements individuels ont été conçus en intégrant des blocs de chanvre de 30 cm d'épaisseur".

Le matériau, facile à travailler, présente de nombreux avantages. Il offre une résistance au feu, une régulation de l'humidité de l'air, un confort thermique d'hiver et d'été. Il assure une isolation acoustique. Il est léger.

Contrairement à la maçonnerie classique, le bloc permet de gagner de la place, car on n'a pas besoin de rajouter une couche d'isolant. Il nécessite un enduit extérieur à la chaux. Le revêtement intérieur est réalisé en BA13. Les blocs, emboîtables, sont coulés dans les armatures. "Par contre, le nombre de blocs doit être bien calculé pour correspondre aux attentes du chantier", prévient Olivier Bienfait.

Des blocs dans un collège de la Vienne

Michel Pujol, du magasin d'éco-matériaux de construction Ecohabitat à L'Isle-d'Espagnac, estime avoir fourni plus de 9 000 blocs pour ce chantier. "Ils sont fabriqués dans le Doubs, par Vieille Matériaux. Ces blocs sont composés de chènevotte (la tige du chanvre) et de ciment naturel prompt (un liant similaire à la chaux hydraulique qui offre des résistances mécaniques très élevées)". Le constructeur charentais Léonard Bâtiment a assuré le chantier des 9 logements individuels. "Nous avions déjà réalisé l'Ehpad de Montmoreau avec ce matériau, précise Jacques Libert, constructeur de travaux. Notre équipe a été formée pendant trois ou quatre jours à ce matériau. Cela s'assemble un peu comme des briques Lego... Mais il faut vraiment bien prévoir dès le début son nombre de blocs". Le chanvre dans la construction se développe. "Le marché est même en tension, reprend Olivier Bienfait. De gros projets arrivent, comme un collège dans la Vienne l'année prochaine ".

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