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" Ça faisait longtemps que je n'étais pas venu en manif "

Guillaume Corbin, éleveur de vaches laitières à Saint-Sauvant, a rejoint le point de blocage de la FNSEA 86 lundi avec d'autres collègues du Mélusin. Engagé syndicalement il y a quelques années, il note dans le mouvement de cette semaine "une solidarité qui fait du bien".

Guillaume Corbin élève 70 vaches laitières à Saint-Sauvant.
Guillaume Corbin élève 70 vaches laitières à Saint-Sauvant.
© Marine Nauleau

Comme tous les agriculteurs, la colère de Guillaume Corbin ne date pas de la semaine dernière. " Quand on allume la radio ou les chaînes d'informations en continu et qu'on entend les critiques constantes sur le monde agricole, que l'agriculture fait toujours tout mal. Ça fait une quinzaine d'années mais ça s'est accéléré et l'agriculture est le bouc émissaire idéal " constate l'éleveur de 70 vaches laitières sur 120ha à Saint-Sauvant.

Il y a aussi le projet de réserve avec 5 autres irrigants du secteur, sur le bassin de la Sèvre Niortaise et "les leçons de moral des groupes politiques et écologiques qui ne disent même pas tous la même chose " décrit Guillaume Corbin qui ajoute : " un jour on est obligé de demander à un technicien de remplir les dossiers, de directives nitrates par exemple. Et ce n'est pas que je suis plus idiot qu'avant, c'est juste que c'est de plus en plus compliqué et incompréhensible ".

Pas un contrôle, un tribunal

Ce qui fait sauter le bouchon, c'est le contrôle pour cette fameuse directive nitrate, fin novembre dernier. " Ça dure 4h. Mon exploitation est épluchée vache par vache et kilo par kilo de fumier produit. Le contrôleur prend des photos de flaques d'eau à côté du tas de fumier. J'aurais eu un missile nucléaire dans ma cour, ça aurait été moins grave je pense. Ce n'était pas un contrôle.... mais un tribunal où je me sens d'emblée coupable de quelque chose et il va falloir que je prouve le contraire " explique Guillaume Corbin qui constate ensuite en décembre que les aides Pac ne seront pas à la hauteur de ce qui était prévu. " J'avais respecté les conditions, et là, on me dit qu'on était trop d'agriculteurs à l'avoir fait et que le budget n'était pas prévu. Je perds 2500€ dans l'histoire. C'est inadmissible " proteste l'éleveur qui confie que les jours d'après il a eu du mal à traire ses vaches. " Elles avaient tous les défauts apparemment. Oui, le moral en a pris un coup ".

Ça fait du bien

À 46 ans, Guillaume Corbin sait qu'il doit tenir encore quelques années, mais la colère et le dégoût sont installés. Et, du coup, le manque d'envie de coopérer avec ce qu'il voit comme des directives et des injonctions. Il ne reproche rien aux consommateurs, parce que lui-même en est un et qu'il sait que le prix du caddie est bien assez cher. " Mais j'en ai aussi marre que le problème de pouvoir d'achat ne soit centralisé que sur l'alimentation. Alors que c'est 10 % des dépenses des ménages" analyse Guillaume Corbin. S'il était sur le point de blocage de la Nationale 10 en début de semaine, "c'est pour ne pas rester dans ma ferme à bouillir. Il faut se battre et j'ai vu que la solidarité est encore belle. Je vois un mouvement agricole et pas un mouvement syndical et ça fait du bien. J'ai vu beaucoup de personnes que je n'avais pas vues depuis 15 ans. C'est une bonne thérapie, sans pour autant me faire d'illusions sur les résultats..."

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