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5 Questions à... Christian Daniau, président de la Chambre d'agriculture de Charente
"Aucune production agricole n'est épargnée"

Le président de la Chambre d'agriculture est sur tous les fronts, en cette rentrée. Une cellule de veille agricole a eu lieu mardi soir à la Préfecture de Charente. Le département a du mal à se remettre des dernières récoltes, entachées par une année pluvieuse.

Christian Daniau : "Il est urgent de se remettre en mode production, plutôt qu'en décroissance".
Christian Daniau : "Il est urgent de se remettre en mode production, plutôt qu'en décroissance".
© (@ FL)

La cellule de crise agricole s'est tenue le 10 septembre à la Préfecture d'Angoulême. Qui était autour de la table et qu'en est-il ressorti ?

Christian Daniau : Je tiens à rappeler que nous (N.D.L.R. : Chambre d'agriculture, FNSEA et JA de Charente) avions demandé la tenue de cette cellule dès juillet dernier à la précédente préfète. Sa mise en place ne s'est concrétisée que cette semaine, après la prise de fonction du nouveau préfet (lire en page 4). S'est retrouvé à la Préfecture l'ensemble des organisations qui gravitent autour de l'agriculture : MSA, banques, centres de gestion, coopératives, négoces, assurances, etc., ainsi que les syndicats agricoles de la FNSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la Coordination Rurale, les services de l'État (agriculture, impôts, emploi et travail) et la Banque de France. L'objectif, c'était de dresser un état des lieux des productions agricoles, à partir d'éléments chiffrés, présentés à la fois par la Direction des territoires, la Chambre d'agriculture de Charente et de Nouvelle-Aquitaine. Résultat : le constat est le même que celui qui avait établi lors de la précédente cellule de veille, en août 2020. C'est-à-dire qu'à une crise conjoncturelle vient s'ajouter une crise structurelle.

 

Vous évoquez des éléments chiffrés. A-t-on le retour des moissons ?

C.D. : La première production végétale du département, le blé, est en recul de 34 %. La perte estimée de l'orge d'hiver est pire avec -40 %, mais elle est compensée en partie par l'orge de printemps. Le pois a aussi souffert agronomiquement et ses résultats sont mauvais. Le colza a mieux résisté car ses surfaces étaient en hausse. La perte de rendement est équivalente à 15 %. Voici quelques-uns des chiffres sur les récoltes qui ont été présentés, conséquence de cette année pluvieuse hors normes. Il faut noter que les résultats sont très hétérogènes selon les exploitations et les types de sol. Certaines réussissent à tirer leur épingle du jeu, d'autres non.

 

Qu'en est-il pour les autres productions du département ?

C.D. : Elles subissent les mêmes incidences quantitatives et qualitatives !

En élevage par exemple, si la pluie a favorisé la pousse de l'herbe, les fourrages, quand ils ont pu être réalisés, sont parfois de qualité moindre. Quelles seront les incidences sur les troupeaux et les éleveurs, devront-ils complémenter l'alimentation avec d'autres produits ? On ne le sait pas encore.

Ce que l'on sait en revanche, c'est qu'en vigne et en arboriculture, les maladies et les ravageurs sont en recrudescence, d'autant plus qu'on a retiré beaucoup de molécules pour les combattre.

La production biologique paie aussi un lourd tribut cette année, car les méthodes alternatives et mécaniques sont difficiles à mettre en pratique quand il pleut sans cesse. Les parcelles étaient sales et des récoltes ont dû être broyées, faute de correspondre aux standards de qualité. En agriculture biologique, le phénomène de déconversion risque de s'accentuer entre un marché qui n'est pas en face et des réponses techniques insuffisantes.

 

A-t-on réussi à chiffrer le nombre d'exploitations charentaises en difficulté ?

C.D. : Une sur deux va avoir besoin d'être accompagnée... Le chiffre d'affaires de la ferme Charente va être le plus bas de toutes ces dernières années face à la baisse cumulée des surfaces, des rendements et des prix. Et la Charente, en zone intermédiaire, décroît sur toutes les productions, y compris du côté du cognac, dont les marchés se durcissent.

 

Justement, la viticulture charentaise, qui se retrouve prise entre le marteau et l'enclume pour des tensions commerciales entre la Chine et l'UE qui n'ont rien à voir avec cette filière appelle tout le monde agricole et viticole à manifester le 17 septembre à Cognac.

C.D. : Même si l'UGVC, syndicat qui était présent à la cellule de veille, n'a pas encore officiellement demandé à la Chambre d'agriculture de relayer cet appel, il est évident que nous sommes solidaires de la viticulture, qui représente un poids économique important pour le département.

 

Quelles solutions la cellule de veille a-t-elle préconisé ?

C.D. : Au plan national, il faut déjà que l'Etat verse les primes Pac dans les temps, suite à la reconnaissance du cas de force majeure qui a été accordé à la Charente. Il faut aussi mettre en place des aides à la trésorerie (prêts garantis par l'Etat à 0 %) pour que les exploitations dans le rouge puissent passer le cap difficile et réinvestir l'année prochaine. Ce sont les demandes départementales que nous avons transmises aux services de l'Etat mardi dernier afin de les faire remonter au ministère. Une exonération sur la taxe sur le foncier non bâti est à l'étude.

A moyen terme, il faudra aussi réfléchir à la situation de nos zones intermédiaires (lire en P.3). Sans solutions, des pans de notre territoire risquent de disparaître ainsi que la volonté des jeunes de s'y installer. Les zones de montagne ont réussi à faire reconnaître leur agriculture. A nous de faire de même et si c'est à la Charente de porter le dossier, on le fera !

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