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Alain Lebret : « Impossible de mesurer la durée de la crise »

Interview du président du groupe coopératif laitier Terra Lacta, après la convention « Jeunes installés » qui s'est tenue à Claix.

Dernier mandat pour Alain Lebret (à droite sur la photo), en tant que président de Terra Lacta.
Dernier mandat pour Alain Lebret (à droite sur la photo), en tant que président de Terra Lacta.
© Fabienne Lebon

- La Vie Charentaise : Vous tenez aujourd'hui (N.D.L.R. : le mercredi 16 mars) en Charente votre deuxième convention « Jeunes installés ». Combien de jeunes ont répondu à l'invitation et quel est l'objectif de cette convention ?


- Alain Lebret : La première convention a été inaugurée l'année dernière en Deux-Sèvres avec 80 jeunes. Une trentaine est présente aujourd'hui à Claix, dans le territoire « sud » de Terra Lacta. Cette convention a été mise en place pour répondre plus spécifiquement aux problématiques des jeunes installés. Elle fait suite à la création, il y a trois ans, d'une commission « Jeunes », présidée par l'éleveur de la Vienne, Vincent Ricou et composée de quinze JA. Le message que nous souhaitons aussi faire passer aujourd'hui, c'est : « Participez, impliquez-vous dans votre coop ! » Ne serait-ce aussi que pour préparer l'avenir de notre structure. Avec Patrick Charpentier, nous quitterons la présidence et la vice-présidence de Terra Lacta pratiquement en même temps dans deux ans. Ce sera à la génération suivante de prendre le relais.


- L.V.C. : Terra Lacta a annoncé fin janvier l'octroi d'une prime exceptionnelle de soutien conjoncturel à ses sociétaires jeunes installés. Pouvez-vous nous en dresser un bilan ?


- A.L. : L'enveloppe affectée à ce soutien représente une somme globale de 600 000 euros, versée à 200 jeunes, soit un montant moyen de 3 000 euros par jeune agriculteur. La prime s'ajoute à une autre (+25 euros par 1 000 litres) octroyée dès la première année d'installation. Elle est prolongée jusqu'à la sixième année d'installation. Précisons que ces soutiens sont bien accordés par Terra Lacta, et non pas Savencia.


- L.V.C. : Comme le prouve ce soutien financier, les jeunes installés sont les plus fragiles face à la crise. Cette convention a t-elle été tendue ?


- A.L. : Tendue... non, mais évidemment que la conjoncture laitière inquiète beaucoup car même les spécialistes et les acteurs de la filière ne peuvent s'avancer sur la durée de la crise. C'est aussi pour cela qu'aujourd'hui nous avons demandé à Jean-Christophe, spécialiste des politiques agricoles dans le monde, de nous présenter le modèle américain, fondé sur un système assuranciel de la marge brute quand le prix du lait baisse. Parce qu'il est toujours intéressant de voir ce qui fait ailleurs et d'en débattre.


-L.V.C. : Le 14 mars, le conseil européen de Bruxelles a décidé d'une forme de régulation du marché laitier (lire aussi en P.7). Qu'en pensez-vous ?


- A.L. : Ce n'est jouable que si tout le monde régule ! Or je vois mal des pays à la stratégie aussi offensive que les Pays-Bas, le Danemark, l'Irlande ou le Royaume-Uni réduire la voilure.


- L.V.C. : Depuis le début de l'année 2016, le prix de base du lait tourne à moins de 280 euros les 1 000 litres pour Terra Lacta. Qu'en est-il pour les prochains mois ?


- A.L. : Pour mars, le prix est annoncé autour de 275 euros les 1 000 litres. La question se pose évidemment pour les trois mois d'après. On le sait : certaines entreprises risquent de descendre en dessous des 250 euros/1 000 litres. Moi, je considère qu'en dessous de 300 euros les 1 000 litres (chiffre lissé sur l'année), on ne fait que survivre. En 2014, le chiffre réellement payé au producteur était de 382 euros les 1 000 litres, ce qui, à mon avis, est un prix correct ; en 2015, il est descendu à 310 euros les 1 000 litres et certains pays d'Europe sont en dessous de cela. Pour 2016, je le répète, tout est fonction de la durée de la crise.


- L.V.C. : De ce fait, vous attendez-vous une assemblée générale houleuse de Terra Lacta le 28 avril prochain à Niort ?


- A.L. : Les assemblées générales de section seront forcément difficiles. Les producteurs expriment leur colère devant le manque de réponse des responsables politiques et les leviers sont à Bruxelles ! Il fallait réagir dès l'annonce de l'embargo russe et ce n'est pas faute d'avoir alerté le ministre !


- L.V.C. : Six éleveurs de Charente et Haute-Vienne ont décidé de faire sécession avec la coopérative Terra Lacta et de construire leur propre laiterie en Loire-Atlantique. Craignez-vous un phénomène de contagion ?


- A.L. : Je ne veux pas polémiquer sur le sujet, car ces six producteurs sont partis « proprement » de la coopérative. Nous avons accepté leur départ en leur souhaitant bon vent ! Quand je les ai rencontré, je les ai quand même alerté sur la difficulté à tenir sur la durée. Maintenant, c'est leur vie  ! Je leur souhaite bonne chance... d'autant qu'il y a parmi eux des éleveurs que j'apprécie vraiment !

Détails de ces soutiens déjà présentés dans notre édition du 29 janvier en p. 6
Article à venir dans notre dossier « Spécial Festival de Chabanais » le 8 avril

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