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14-18 dans le 17 : Une histoire méconnue de la Charente-Maritime

Au pays de la poche de Royan et de la base sous-marine de La Pallice, on retient davantage la Seconde guerre mondiale que la Première. Pourtant, le conflit a eu un impact important sur la vie du département.

Les femmes étaient impliquées dans les travaux des champs, ici à Arces. Crédit photo : Archives départementales de la Charente-Maritime, 78FI 1GM 01
Les femmes étaient impliquées dans les travaux des champs, ici à Arces. Crédit photo : Archives départementales de la Charente-Maritime, 78FI 1GM 01
© Archives départementales de la Charente-Maritime

La Charente-Maritime n’a pas connu l’enfer de Verdun ou de la Somme, les paysages défigurés, les terres encore viciées un siècle après la guerre. Mais le département a tout de même pris sa part au conflit, à plus d’un titre.
C’est pour rappeler cet état de fait qu’une conférence s’est tenue lundi 6 novembre aux Archives départementales de Charente-Maritime, à l’occasion des commémorations du centenaire de l’Armistice. «Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la Charente-Maritime a eu un rôle important parce qu’elle était proche d’un théâtre d’opération majeur, la mer», a rappelé Louis-Gilles Pairault, le directeur des Archives départementales. Un rôle militaire, donc, mais pas uniquement puisque le département est aussi impliqué dans l’approvisionnement des troupes. «Les hommes sont partis au front, et il faut assurer cette production agricole à l’arrière.»

120 hôpitaux dans le département

«Tous les hommes en âge de porter les armes sont appelés», a précisé Mickaël Augeron, maître de conférences en histoire moderne et contemporaine à l’Université de La Rochelle. Âgés de 20 à 48 ans (mais les volontaires étaient acceptés dès 17 ans), ils furent essentiellement affectés à l’infanterie et l’artillerie... Y compris pour les marins, car la guerre sur mer nécessitait moins d’effectifs. Les soldats originaires de Charente-Inférieure (le nom que portait alors le département) furent affectés au front français, mais aussi à la défense des colonies et même à quelques théâtres extérieurs, comme celui de la mer Égée.
Mais si de nombreux hommes partent, le département ne se vide pas pour autant et connaît de nombreuses arrivées. Les réfugiés, tout d’abord, Belges ou Français du nord, voire parfois venus de pays plus lointains comme la Serbie. Plus de 100 000 personnes en tout, principalement dans les premiers mois du conflit. Viennent ensuite les blessés, pour lesquels l’armée va créer de nombreux hôpitaux, jusqu’à 120 au plus fort de la guerre. «Ils ouvrent dans des collèges, des hôtels, ou même au casino de Royan !» a expliqué Mickaël Augeron. Les établissements accueillent dans les mêmes conditions des blessés de toutes les origines, infanterie coloniale comprise, et même des soldats ennemis.

Des permissions pour les moissons

Ils ne sont pas les seuls à avoir mis les pieds dans le département. La Charente-Maritime devient très vite un espace de détention pour les prisonniers austro-allemands, qui arrivent dès la mi-septembre 1914. Des détenus de guerre bien nourris et bien traités, ce qui, comme l’a rappelé Mickaël Augeron, pouvait inquiéter voire choquer l’opinion publique de l’époque. D’abord parqués sur les îles par sécurité, ils sont, à mesure que le conflit perdure, installés dans des camps sur le continent et employés pour remplacer les Français partis se battre. «On va utiliser cette main-d’œuvre allemande ou autrichienne, et les affecter notamment aux travaux des champs, dès 1916.» Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, «ils étaient payés, ils touchaient une indemnité».
Si les autorités ont attendu 1916 pour employer les prisonniers à de telles tâches, c’est sans doute parce qu’elles ont compris à ce moment-là que la production agricole avait besoin d’un sérieux coup de pouce. Le monde rural est désorganisé par la guerre, et notamment par les réquisitions de chevaux, mulets et autres chariots. Les autorités militaires disposent d’un droit de préemption sur les ventes d’animaux, notamment les bovins. Le tissu économique est bouleversé : «vous aviez des laiteries, à Surgères, qui appartenaient à des entreprises autrichiennes ou allemandes et qui ont été saisies», a indiqué Mickaël Augeron. Parfois, «les agriculteurs peuvent obtenir des permissions pour les travaux des champs», soit 15 jours, parfois un mois, pour les moissons et les vendanges. Mais les chiffres témoignent des difficultés subsistantes, du fait de la disparition des paysans et de la réorientation des produits chimiques (déjà employés) vers l’industrie militaire : la production a par endroits était amputée des deux tiers.
En Charente-Maritime, la fin de la guerre est marquée par l’arrivée des Américains, un passage dont l’implantation d’un assemblage de wagons (à l’origine des installations rochelaises d’Alstom) reste la principale trace. Les Sammys (le surnom qui était donné aux soldats venus d’outre-Atlantique) avaient de grands plans de développement pour le département, avec notamment la création d’un port en eaux profondes à Talmont-sur-Gironde, où ils dynamitèrent des falaises pour leurs travaux préparatoires. Mais la signature de l’armistice le 11 novembre 1918 mit un terme définitif à ces projets, qui auraient sans doute changé un peu plus le visage de la Charente-Maritime.

 

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