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Maïs : Tout mettre en œuvre pour éviter le datura

Les températures exceptionnellement élevées du mois d’avril ont pu entraîner la levée particulièrement précoce de datura. Or, cette dicotylédone contient des alcaloïdes très toxiques pour l’homme comme pour l’animal. La vigilance est primordiale.

Un pied de datura pour 25 m2 peut suffire à provoquer une intoxication mortelle chez les bovins via le maïs ensilage.
Un pied de datura pour 25 m2 peut suffire à provoquer une intoxication mortelle chez les bovins via le maïs ensilage.
© Arvalis Institut du Végétal

Originaire du Mexique et du sud-ouest des Etats-Unis, le datura contient des alcaloïdes tropaniques (atropine et scopolamine) qui agissent sur le système nerveux central. Ils entraînent des troubles cardiaques, de la sécrétion et des muscles lisses. De très faibles quantités suffisent et toutes les parties de la plante en contiennent. Par conséquent, des limites réglementaires existent.
Pour l’alimentation humaine, la limite maximale est fixée à 1 µg/kg - pour l’atropine comme pour la scopolamine – dans les aliments destinés aux nourrissons et enfants en bas âge contenant du millet, du sorgho, du sarrasin ou leurs dérivés.
Pour l’alimentation animale, la limite réglementaire concerne la quantité de graines de datura : elle est fixée à 1 g/kg dans toutes les matières premières ou aliments pour animaux. Ces seuils sont très faibles mais sont généralement atteints avec la production d’une seule plante. Un pied de datura pour 25 m2 peut suffire à provoquer une intoxication mortelle chez les bovins via le maïs ensilage.
À la date de rédaction, des discussions sont en cours pour étendre cette réglementation au grain en général (et aux produits de transformation) ainsi qu’au maïs en particulier et ses produits dérivés pour l’ensemble des consommateurs. Sur grain, les seuils actuellement proposés pour la somme des 2 alcaloïdes varient entre 5 et 15 µg/kg selon la culture, avec une possible mise en application au 1er juillet 2022.
Par ailleurs, le datura exerce une compétition importante pour la culture vis-à-vis de la lumière, l’eau et les éléments nutritifs, ce qui n’est pas sans impact sur le rendement. L’objectif est donc de n’avoir aucun pied de datura au sein des parcelles.

Reconnaître le datura

Au stade plantule, les cotylédons sont très étroits et allongés et les 2-3 premières feuilles sont ovales avec des bords entiers. Les limbes sont dentés à partir de la 4e feuille. On observe des poils sur la tige et les pétioles.
Aux premiers stades de la plante, la confusion est possible avec le chénopode hybride (appelé aussi « chénopode à feuille de stramoine »).
Une fois adulte, cette plante annuelle peut mesurer de 40 cm à 4 m de hauteur grâce au développement d’une tige puissante et ramifiée. Ses grandes feuilles présentent des dents inégales et ses fleurs sont longues, blanches et en forme d’entonnoir. Les fruits sont en forme de capsules ovales et épineuse, ils renferment de nombreuses graines noires. Une capsule de datura peut produire jusqu’à 500 graines, et un pied jusqu’à 5 000 graines. De plus, une graine peut survivre plus de 80 ans dans le sol.
Le datura se reconnaît également par une odeur forte et désagréable au toucher (veillez à utiliser des gants pour toucher la plante).
La germination estivale du datura est très échelonnée, les levées peuvent s’effectuer d’avril à septembre. Cette plante, qui apprécie les températures élevées, peut germer à une profondeur supérieure à 10 cm dans tous les types de sol.

Les stratégies herbicides possibles

De nombreux herbicides sont efficaces contre le datura mais ses levées échelonnées compliquent le contrôle tardif. Il est conseillé de prévoir une base de prélevée puis 1 ou 2 applications associant des herbicides racinaires et foliaires positionnées sur des jeunes daturas (2 à 4 feuilles) au stade 2 – 4 feuilles puis 8 – 9 feuilles du maïs.
Trois stratégies peuvent être mises en place. La première consiste à intervenir en prélevée avec une mésotrione ou un isoxaflutole associé à du nicosulfuron ou du thiencarbazone-méthyle pour gérer le reste de la flore, puis à effectuer un rattrapage si besoin.
Autre possibilité, traiter en postlevée précoce avec une mésotrione ou un isoxaflutole associé à du nicosulfuron ou du thiencarbazone-méthyle pour gérer le reste de la flore, et retarder au maximum l’intervention de rattrapage pour gagner en persistance tout en gardant à l’esprit que le datura ne doit pas dépasser 4 feuilles, au risque de ne plus pouvoir le contrôler. Jusqu’à 8 feuilles du maïs, il est possible d’utiliser en plein les associations sulfonylurée + tricétone, ou tricétone + dicamba, ou encore sulfonylurée antidicotylédones + dicamba. La présence de tricétone permet de gérer les graines en germination en plus des daturas levés.
Troisième stratégie, en cas de forte infestation, il est possible d’intervenir au-delà du stade 8 feuilles du maïs, mais des pendillards seront indispensables pour atteindre les daturas tout en préservant le maïs.
Le désherbage mécanique doit être réalisées sur de jeunes adventices et avec un temps sec et ensoleillé qui suit l’intervention afin de favoriser la dessication des daturas.

 

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