Les habitants prennent la main du commerce local
Au sein d'épiceries dites "participatives", des habitants ouvrent ce qui est parfois le seul commerce de leurs villages. C'est le cas à Saulgé et Gizay.
Au sein d'épiceries dites "participatives", des habitants ouvrent ce qui est parfois le seul commerce de leurs villages. C'est le cas à Saulgé et Gizay.
Jean-Yves Grassien, l'actuel maire de Gizay (370 habitants) se souvient : "Je suis arrivé ici quand j'avais 5 ans et je n'ai jamais connu ni de boucher, ni de boulanger. Il y a eu une épicerie multiservices mais j'étais encore gamin quand elle a fermé. Je me souviens surtout des tournées des camions". Quand l'idée d'une épicerie participative a été soulevée par un de ses conseillers municipaux (Michel Stanislas), le maire aujourd'hui septuagénaire a proposé le vote en conseil municipal de la mise à disposition d'un local et la prise en charge des charges de chauffage et d'électricité pendant au moins la première année.
Un soutien important pour Michel Stanislas qui avait contacté "Bouge ton coq" après avoir entendu une expérience de ce type à la radio. " Les responsables de Bouge ton coq sont venus présenter le concept et nous ont octroyé une subvention de 1300 euros pour se lancer. Nous avons aussi un logiciel de gestion" explique l'élu. "Le panier de Gizay" a ouvert le 4 octobre dernier et une trentaine d'adhérents sont déjà enregistrés. C'est la condition pour acheter le pain d'un paysan boulanger de Dienné ou de la boulangerie de La Villedieu-du-Clain disponible désormais dans le village deux fois par semaine, tout comme les légumes de maraîchers locaux, de l'épicerie sèche, des œufs, des conserves de volailles ou encore des fromages ou des produits frais, sur commande. Et l'inventaire n'a pas fini de s'agrandir. "Grâce à l'épicerie, nous avons découvert des producteurs installés près de chez nous. Et on remet la solidarité au cœur de la vie du village en s'organisant pour aller chercher les produits, parfois jusqu'à Poitiers ou Gençay" explique Michel Stanislas. La solidarité et le lien social s'expriment aussi à travers un cahier, mis à disposition des plus réfractaires au logiciel informatique, ou avec le café, à disposition pour entretenir les conversations pendant les courses.
La suite du multiservice
À Saulgé, c'est bien pour prendre la suite du multiservices, fermé depuis quelques mois, que des habitants se mobilisent et ont entraîné la municipalité. "On est ravis. Notre commune est très étendue, sur 60 km2, et les 1000 habitants se répartissent dans des hameaux parfois éloignés. Ils sont 250 dans le cœur du bourg. L'épicerie serait un lieu de vie " explique le maire, Bruno Puydupin. Cela tombe bien, parce qu'au-delà du commerce, c'est ce que les habitants envisagent. " L'épicerie peut devenir l'endroit où les habitants viennent se rencontrer, discuter. Elle pourrait plus tard devenir un café associatif, un lieu d'activité " explique Éléonore Poth. La date d'ouverture n'est pas encore connue, l'heure est au lancement, aussi en partenariat avec Bouge ton coq, des groupes de travail pour réfléchir notamment aux fournisseurs, qui seront évidemment principalement locaux.
Et Une épicerie autogérée à Champagné-Saint-Hilaire
Ici aussi, l'approvisionnement et la gestion de la boutique sont pris en main par des habitants. Au hameau "Le Courtioux", entre Champagné-Saint-Hilaire et Anché, une quarantaine d'habitants des alentours a investi une partie d'une maison d'habitation, gentiment prêté par les propriétaires. C'est en tout cas en attendant de trouver un local. La différence avec le principe d'épicerie participative? " Il n'y a pas de "responsable". Nous le sommes tous, pour un coup de balai ou l'installation, la mise en rayon. Et si on a envie de faire découvrir un produit, on l'achète! " explique une adhérente de l'épicerie autogérée. Ici, la permanence du vendredi de 17h à 18h30 permet surtout d'expliquer le concept aux nouveaux intéressés car l'épicerie est accessible tous les jours puisque la clé du local est accessible à tous, tout le temps. Le concept a été pensé par Coop Lib! qui a d'ailleurs édité un guide pour aider les habitants à ouvrir une épicerie autogérée dans son village. I
nformations sur cooplib.fr